L'inflation a de nouveau dérapé en novembre au Royaume-Uni pour s'établir à 3,3% sur un an, une mauvaise nouvelle pour l'économie britannique et pour la Banque d'Angleterre soumise à des impératifs de plus en plus divergents.
En octobre, les prix à la consommation ont augmenté de 0,4%, après une hausse de 0,3% en septembre, selon les chiffres publiés mardi par l'Office des statistiques nationales (ONS).
Le taux annuel d'inflation a ainsi augmenté pour le second mois consécutif, glissant progressivement de 3,1 à 3,3% et s'éloignant d'autant de l'objectif de 2% fixé à la Banque d'Angleterre (BoE). Un objectif qui n'a plus été atteint depuis novembre 2009.
Le maintien d'une inflation élevée complique singulièrement la tâche de la banque centrale britannique, qui se trouve plus que jamais tiraillée entre sa mission de contenir la hausse des prix et des appels à peine déguisés à injecter de nouvelles liquidités dans le circuit économique pour soutenir une reprise vacillante.
Les analystes ont été désagréablement surpris par le dernier indice des prix alors qu'ils tablaient sur une inflation stable en novembre, voire pour certains en légère baisse. Et tous ont souligné la persistance de facteurs inflationnistes à court terme avec, en particulier, une hausse prévue de la TVA de 17,5% à 20% début janvier dans le cadre des mesures prises par le gouvernement britannique pour lutter contre un déficit public record.
En novembre, les prix ont notamment dérapé sur la nourriture (+1,6%) et l'habillement (+2%), autant de hausses liées à l'emballement du prix des matières premières. Certains grands groupes de distribution, comme Next ou Primark, ont par exemple mis en garde à plusieurs reprises contre l'impact d'une envolée des prix du coton sur les consommateurs.
Cette tendance a été jusqu'à présent minimisée par la banque centrale qui la considère comme purement conjoncturelle et compte toujours sur un ralentissement de l'inflation sous les 2% en 2012. Mais certains experts, comme ceux de Barclays Capital, commencent à se demander si le comité de politique monétaire (CPM) de la BoE ne fait pas fausse route.
"En faisant preuve d'une telle patience, le CPM met désormais sa crédibilité en jeu. Si l'inflation monte encore, ce que nous prédisons, sa situation deviendra encore plus inconfortable", écrivent-ils dans une note publiée mardi.
Afin d'aider un pays tombé en profonde récession, la Banque d'Angleterre maintient depuis mars 2009 son taux directeur au niveau historiquement bas de 0,50%.
Elle a aussi injecté depuis cette date quelque 200 milliards de livres dans le circuit économique, via un programme dit "d'assouplissement quantitatif" mis en sommeil depuis le début de l'année. Mais le Premier ministre David Cameron a adressé plusieurs appels à la banque centrale pour qu'elle le relance afin de contrer les effets attendus de la cure d'austérité sans précédent sur la reprise et qui devraient commencer à se faire sentir l'an prochain.
Si l'inflation ne faiblit pas, met en garde Jonathan Loynes de Capital Economics, la banque centrale pourrait au contraire "être forcée de resserrer sa politique monétaire", et donc de remonter ses taux, "juste au moment où les plus grosses coupes budgétaires depuis des décennies frapperont l'économie".