Le parlement grec a été saisi lundi d'une demande d'enquête sur les responsabilités de l'ex-ministre socialiste des Finances Georges Papaconstantinou dans la falsification d'une liste de détenteurs de comptes en Suisse.
Soixante et onze députés de droite, socialistes et de gauche modérée, partenaires de l'alliance gouvernementale emmenée par le conservateur Antonis Samaras, ont proposé la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur le rôle dans cette affaire de M. Papaconstantinou, 51 ans.
Si elle était formée, suite à un vote dans un délai de 15 jours, la commission doit vérifier si l'ex-ministre s'est rendu coupable de "falsification" d'un document officiel et de "manquement de devoir".
M. Papaconstantinou était, de pair avec le Premier ministre socialiste de l'époque Georges Papandréou, artisan du recours de la Grèce au mécanisme de sauvetage UE-FMI en 2010, et négociateur du premier plan de rigueur imposé au pays, dicté par les créanciers.
La proposition des 71 députés devrait recueillir la majorité requise de 151 députés sur 300, ce qui pourrait déboucher sur des poursuites pénales contre l'ancien ministre, qui dément tout méfait.
Cette initiative fait suite à la révélation vendredi par la justice que les noms de quatre proches de M. Papaconstantinou --deux cousines et leurs époux--, avaient été effacés de la liste dite "Lagarde".
Dans la foulée, M. Papaconstantinou a été radié de son parti socialiste, le Pasok.
Cette liste avait été remise personnellement en 2010 à l'ex-ministre par son homologue française à l'époque, la directrice générale du FMI Christine Lagarde. Dimanche, l'ex-ministre s'est affirmé victime d'un "complot", mettant implicitement en cause le chef actuel du Pasok, Evangélos Vénizélos, qui lui avait succédé au ministère de 2011 au printemps 2012.
Les deux hommes étaient jusque-là dans le collimateur de l'opinion pour avoir apparemment négligé d'exploiter ces données pour lutter contre les fraudeurs du fisc, jusqu'à ce que la presse révèle en octobre l'existence de la liste.
En novembre, le journaliste grec Costas Vaxevanis, qui avait publié ce qu'il présentait comme des extraits de cette liste, avait été jugé pour "violation de données personnelles" avant d'être acquitté.