Le président islandais Olafur Ragnar Grimsson a refusé mardi, sous la pression populaire, de ratifier l'accord de remboursement des clients étrangers floués de la banque Icesave et décidé de le soumettre à référendum, ouvrant la voie à une éventuelle crise politique.
La loi Icesave est destinée à rembourser près de 4 milliards d'euros avancés par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, pour indemniser plus de 300.000 de leurs citoyens lésés par la faillite de cette banque islandaise.
Le Premier ministre islandais a exprimé sa "déception" après la décision du président. "Elle pourrait avoir d'importantes conséquences sur un plan économique avec le FMI", a réagi la chef du gouvernement Johanna Sigurdardottir.
Elle a annoncé qu'elle rencontrerait dans l'après-midi les députés de la coalition au pouvoir (sociaux-démocrates et parti écologiste Gauche-verts) pour décider d'une éventuelle démission du gouvernement.
Le refus par le président islandais de ratifier la loi Icesave, votée d'une très courte majorité par le Parlement dans la nuit du 30 au 31 décembre, a été très mal accueillie à Londres et La Haye.
"Extrêmement déçus", les Pays-Bas "maintiennent que l'Islande doit rembourser cet argent (...) L'absence de solution pour Icesave est inacceptable", a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère néerlandais des Finances, Ruut Slotboom.
"Le gouvernement du Royaume-Uni attend de l'Islande qu'elle assume ses engagements", a lancé un porte-parole du ministère britannique des Finances.
Le gouvernement islandais s'est immédiatement voulu rassurant, affirmant dans un communiqué qu'il "considérait que l'accord avec la Grande-Bretagne et les Pays-Bas constituait une part intégrale du programme économique de l'Islande", lequel "demeure en vigueur".
Mais face à la protestation populaire provoquée par l'adoption du texte au Parlement, le président Grimsson a choisi de mettre les Islandais devant leurs responsabilités, rappelant qu'un non au référendum enterrerait la loi.
"J'ai décidé, sur la base de l'article 26 de la Constitution, de soumettre la nouvelle loi à la nation", a déclaré le président, dont la signature est nécessaire pour que les lois islandaises entrent en vigueur.
"Maintenant, la nation a le pouvoir et la responsabilité (sur cette question). J'espère que nous parviendrons ainsi à un accord viable", a-t-il ajouté, dans un discours télévisé à la nation.
Le président a reçu une pétition signée par quelque 60.000 personnes -près d'un quart de l'électorat- pour réclamer que cette loi soit soumise à referendum. "Des sondages montrent qu'une immense majorité de la population est du même avis", ainsi que "la majorité des députés", a souligné M. Grimsson.
C'est la deuxième fois depuis l'indépendance de l'Islande en 1944 qu'un président islandais refuse de signer une loi dûment adoptée.
Le texte voté la semaine dernière par les députés dans une atmosphère tendue prévoit le paiement échelonné d'ici à 2024 d'environ 3,8 milliards d'euros, soit l'équivalent de près de 40% du Produit intérieur brut annuel de l'île, ruinée par l'effondrement de ses banques en octobre 2008.
Avant le vote du Parlement, le Premier ministre social-démocrate Johanna Sigurdardottir avait mis dans la balance son gouvernement pour obtenir la ratification de l'accord signé avec Londres et La Haye.
Le litige sur Icesave est un obstacle pour la candidature islandaise à l'Union européenne et dans ses relations avec le Fonds monétaire international (FMI), qui a approuvé mi-décembre une troisième tranche de son prêt d'urgence de 2,1 milliards de dollars accordé à l'Islande lors de l'effondrement de son système bancaire en 2008.