La France et l'Italie ont pressé dimanche la zone euro de traduire "vite" en actes les avancées décidées fin juin, à la veille d'une réunion de l'Eurogroupe qui arrive toutefois un peu tôt pour prendre les décisions définitives espérées par les marchés.
Le chef du gouvernement italien Mario Monti et le ministre des Finances français Pierre Moscovici, invités vedettes de la dernière journée des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, dans le sud-est de la France, ont affiché leurs convergences de vue.
Après un entretien en tête à tête et à huis clos, ils ont chacun de leur côté appelé la zone euro à passer à l'action, pour mettre en application la batterie de mesures de lutte contre la crise sur lesquelles ses membres se sont entendus lors du sommet des 28 et 29 juin.
"Il faut commencer dès demain" (lundi), lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, a plaidé M. Moscovici.
"Il est très important que nous donnions des signaux tangibles que ce que nous avons dit au Conseil européen sera vraiment traduit en actes. Je n'ai pas de doutes là-dessus", a-t-il affirmé.
De son côté, le président du Conseil italien a souhaité que l'arsenal de mesures qui doivent aider à sortir la zone euro de la crise chronique dans laquelle elle est plongée depuis près de trois ans soient "traduites en termes opérationnels par l'Eurogroupe rapidement".
Lundi, les ministres de la zone euro doivent entre autres passer au crible les finances de la Grèce, préciser les contours de leur aide à Chypre et surtout s'entendre "au niveau politique" sur le plan de sauvetage des banques espagnoles décidé fin juin.
Sans dévoiler la teneur de son entretien avec M. Monti, Pierre Moscovici a affiché son unité de vue avec l'Italien. "Nos avis sont très convergents, nous avons des relations très confiantes et qui tirent dans le même sens".
Le temps presse car les marchés financiers commencent à douter de la mise en oeuvre du plan d'action décidé à Bruxelles. Après une phase d'euphorie, cette incertitude a fait remonter en flèche les taux d'intérêts versés par Rome et Madrid pour financer leurs déficits, faisant craindre que l'Italie et l'Espagne ne se retrouvent à leur tour contraints de réclamer un plan de sauvetage à la suite de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal.
Pour Mario Monti, cette remontée des taux est due notamment à des déclarations "inappropriées" de plusieurs "Etats membres nordiques" qui sapent selon lui la "crédibilité" des actions décidées fin juin. Il visait implicitement la Finlande et les Pays-Bas qui ont remis en question certaines décisions censées permettre aux fonds de secours d'aider plus facilement des pays comme l'Italie.
Il a également déploré que l'Italie soit aujourd'hui "considérée dans le nord de l'Europe comme un pays débiteur" alors même qu'elle n'a pas obtenu "un seul euro" des fonds de secours de la zone euro.
Une réponse implicite à la ministre finlandaise des Finances Jutta Urpilainen, qui avait jeté de l'huile sur le feu vendredi, en déclarant qu'elle refusait qu'Helsinki paye les dettes des autres pays.
Autre point de dissension : la désignation du successeur du président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, dont le mandat s'achève le 17 juillet. L'idée d'un mandat partagé entre M. Moscovici et son homologue allemand Wolfgang Schäuble circule en coulisses mais Berlin et Paris ne semblent pas d'accord sur qui devrait occuper le poste en premier.
D'ores et déjà, il apparaît que la réunion de lundi ne permettra pas d'aplanir toutes les divergences. M. Moscovici a annoncé qu'une nouvelle réunion de l'Eurogroupe se tiendrait le 20 juillet.
Le ministre français a nié au passage toute dégradation de la relation franco-allemande, assurant mener un "travail constructif" avec Wolfgang Schäuble, comme le font selon lui François Hollande et Angela Merkel. Ces derniers étant justement réunis ce dimanche à Reims, dans l'est de la France, pour célébrer les 50 ans de la réconciliation historique entre Paris et Berlin.