La Grèce a nommé lundi un ex-procureur antiterroriste à la tête de sa brigade financière (SDOE), pour muscler l'offensive contre la fraude fiscale, censée garantir des revenus publics supplémentaires de 11,8 milliards d'euros d'ici 2013.
La nomination de Ioannis Diotis, 55 ans, a été annoncée lors d'une conférence de presse dévoilant le dernier plan gouvernemental en date contre un fléau endémique du pays, se traduisant par un manque à gagner "de 10 à 15 milliards d'euros par an" pour l'Etat selon le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou.
"La fraude fiscale est un crime contre le pays", a-t-il lancé, flanqué de ses homologues en charge de la Police, de la Justice et de l'Economie.
L'objectif de l'opération interministérielle est pour l'essentiel de veiller à l'application d'un volet de réformes annoncé ou adopté depuis un an, prévoyant notamment des recoupements entre déclarations et train de vie, la lutte contre la corruption des services fiscaux et le traitement rapide par la justice des contentieux en la matière, ont indiqué les ministres.
M. Papaconstantinou a indiqué que la police serait davantage impliquée dans la chasse aux fraudeurs, via sa brigade de lutte contre le crime électronique. "Dans le passé, le ratio des amendes fiscales qui ont été (effectivement) payées était inférieur à 10%" a indiqué le ministre.
Selon le ministre de la Protection du citoyen Christos Papoutsis, une unité sera spécialement chargée de la surveillance des réseaux de jeu en ligne, qui génèrent annuellement un chiffre d'affaires de 5 milliards d'euros.
La Grèce a aussi "entamé des négociations avec les autorités suisses en vue d'un accord bilatéral du même type que ceux négociés par l'Allemagne et la Grande-Bretagne, pour taxer les fonds déposés par des Grecs dans les banques suisses", a relevé M. Papaconstantinou.
Ce sursaut était réclamé par les bailleurs de fonds du pays, zone euro et Fonds monétaire international, alors que la lutte anti-fraude n'a rapporté au pays que 5,8 milliards d'euros en 2010, contre un gain prévu de 9,2 milliards d'euros.
Cet échec a contribué à une révision à la hausse, à 10,5% du PIB contre 9,4% prévus, du déficit public.
Les ministres ont fait la promotion de leur nouvel effort 15 jours après l'annonce d'un durcissement de la rigueur, et avant la venue prévue à Athènes la semaine prochaine des représentants de la Commission et Banque centrale européenne, et du FMI, surnommés collectivement la Troika.
Cette inspection trimestrielle conditionne le versement des tranches du prêt de 110 milliards d'euros consenti en mai 2010 au pays pour le sauver de la banqueroute.