PARIS (Reuters) - Une information judiciaire a été ouverte en France à l'encontre du président de la Confédération africaine de football (Caf), le Malgache Ahmad Ahmad, soupçonné de corruption, à l'issue de son audition à Paris, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Cette information judiciaire a été ouverte notamment pour corruption active et passive, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent, a-t-on ajouté de même source.
Ahmad Ahmad, qui a été ministre dans le gouvernement malgache, a été entendu sous le régime de la garde à vue mais il n'est pas assigné à résidence.
Le comité d'éthique de la Fifa a été saisi en mars par le secrétaire général de la Caf, Amr Fahmy, qui a depuis été limogé.
Ahmad Ahmad, 59 ans, a été interpellé jeudi à son hôtel pour être interrogé par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclif), rapporte la presse française.
Le président de la Caf se trouvait à Paris mercredi pour le congrès de la Fifa dont il est un des vice-présidents.
Amr Fahmy, dans un document envoyé le 31 mars dernier au comité d'éthique de la Fifa, et que Reuters a pu consulter, accuse Ahmad Ahmad de lui avoir ordonné de verser 20.000 dollars (près de 18.000 euros) de dessous de table sur les comptes de présidents des associations de football africaines.
Le document accuse également Ahmad Ahmad d'avoir augmenté les dépenses de la Caf de 830.000 dollars supplémentaires en commandant du matériel via un intermédiaire français, la société Tactical Steel, plutôt qu'en passant commande directement auprès des fabricants.
A l'époque, le président de la Caf n'avait pas répondu aux demandes de commentaires sur les accusations portées à son encontre.
Depuis, la Fifa a lancé une enquête de moralité sur Ahmad Ahmad.
Le document accuse également le président de la Caf d'avoir harcelé quatre femmes employées par la Caf mais il ne donne pas leurs noms. Le document accuse aussi Ahmad Ahmad d'avoir augmenté la représentation marocaine au sein de la Caf au mépris des statuts de l'organisation.
Enfin, le président de la Caf aurait dépensé plus de 400.000 dollars sur les fonds de la Caf dans l'achat de voitures en Égypte et à Madagascar, où un bureau satellite a été mis en place pour lui.
Les accusations portées contre Ahmad Ahmad font suite à une série de scandales liés aux pratiques de la Fifa qui font fait grand bruit à partir de 2015 et conduit derrière les barreaux nombre de ses dirigeants. Depuis, la Fifa travaille à redorer son blason.
Dans son communiqué diffusé jeudi, l'instance dirigeante du football mondial dit vouloir "éradiquer" tout ce qui relève de la malversation ou d'un comportement douteux "à tous les niveaux" du football.
Toute personne qui aurait commis des actes illicites ou illégaux n'a pas sa place dans le monde du football, insiste la Fifa dont le président, Gianni Infantino, reconduit mercredi dans ses fonctions, s'est félicité d'avoir sorti la Fifa des affaires qui avaient terni son image.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)