Le conseil d'administration de La Poste a donné jeudi son aval au président de La Poste Jean-Paul Bailly pour lancer l'augmentation de capital à laquelle souscriront l'Etat et la Caisse des dépôts (CDC) pour un montant de 2,7 milliards.
"Réuni sous la présidence de Jean-Paul Bailly, le conseil d'administration de La Poste a adopté le projet d'augmentation de capital et décidé la convocation d'une assemblée générale extraordinaire afin de réaliser l'opération", a indiqué l'entreprise dans un communiqué.
Cette assemblée générale, dont la date n'a pas été précisée, "actera également l'entrée de la Caisse des Dépôts dans les instances de gouvernance du groupe La Poste suivant la réalisation de l'augmentation de capital", a-t-elle précisé.
Conformément au schéma retenu, la CDC prendra 26,3% du capital en contrepartie de l'injection de 1,5 milliard d'euros. L'Etat, qui est aujourd'hui seul actionnaire de La Poste, apportera de son côté 1,2 milliard.
Le calendrier de versement prévoit trois annuités de 1,05 milliard, 1,05 milliard et 600 millions, versées respectivement en mars-avril 2011, mars-avril 2012 et mars-avril 2013, "pour tenir compte des besoins de financement du plan d'affaires de La Poste", avaient indiqué il y a quelques jours Bercy et la CDC.
La Poste est devenue le 1er mars 2010 une société anonyme à capitaux publics, un changement de statut dont Jean-Paul Bailly avait lancé l'idée en 2008.
Ce nouveau statut a ouvert la voie à l'augmentation de capital qui doit permettre à l'établissement de financer son développement et de faire face à l'ouverture totale à la concurrence en Europe, intervenue le 1er janvier 2011.
Il s'agit de la dernière étape d'un processus entamé en 1997 et qui a déjà vu Bruxelles réduire progressivement les services non encore soumis à la concurrence.
La CDC se verra attribuer trois sièges au conseil d'administration.
Dans un communiqué, le syndicat CGT a rappelé qu'il avait "porté un avis négatif avec les autres organisations syndicales" sur le projet "depuis le début du processus" et a déploré que La Poste "privilégie exclusivement les intérêts financiers".
"L'ouverture du capital et le changement de statut de La Poste ne sont pas les réponses appropriées aux besoins de développement de La Poste, pas plus qu'aux attentes des postiers et des usagers", a estimé la première organisation syndicale de l'entreprise.
Pour Sud-PTT, deuxième syndicat, qui indique que ses deux représentants au conseil ont voté contre le projet, "l'avenir de La Poste et de son service public ne réside aucunement dans l'ouverture de son capital, bien au contraire".
"De plus, ce +contrat+ ne fait aucune référence aux exigences des actionnaires, CDC et Etat, qui se présentent comme des actionnaires avisés. En clair, cela signifie des exigences comparables à celles de tout actionnaire classique en termes de rentabilité et de dividendes", a dénoncé Sud.
"Les intérêts des usagers et des postiers sont relégués loin derrière les objectifs financiers", déplore le syndicat.