Le tribunal des faillites de New York a longuement entendu mardi le directeur général de General Motors Fritz Henderson, au premier jour d'une audience qui devrait déboucher sur la cession des actifs sains du constructeur à une nouvelle entité pilotée par l'Etat.
Les débats, menés de manière expéditive par le juge Robert Gerber, se prolongeaient toujours vers 18H00 (22H00 GMT), avec l'appel à la barre du deuxième témoin de la journée, Stephen Worth, du cabinet de conseil Evercore.
Les débats devaient reprendre mercredi à 13H00 GMT.
Si le juge Robert Gerber a manifesté son souhait de ne pas traîner dans la gestion d'une faillite aux immenses conséquences sociales, il fait face à une centaine d'avocats représentant les diverses parties prenantes opposées au plan de restructuration concocté par Washington.
Personnage central dans le dossier, le directeur général de GM Fritz Henderson a été entendu comme premier témoin pendant plus de cinq heures
La motion soumise au tribunal prévoit la "transformation" de l'actuel GM en une nouvelle entité qui sera détenue à 60,8% par l'Etat américain et à 11,7% par l'Etat canadien, en échange des 60 milliards de dollars de deniers publics injectés dans le groupe. Le syndicat automobile UAW doit détenir 17,5% et les créanciers les 10% restants.
Selon ce plan, le "nouveau" GM, plus petit et désendetté, sera recentré sur ses actifs les plus solides.
Fritz Henderson a appuyé le plaidoyer des avocats de GM, qui estiment que ce plan est "la seule solution viable" pour éviter une liquidation.
"L'activité se porte mieux" ces dernières semaines, a souligné le dirigeant, en faisant état de ventes "meilleures qu'attendu" en juin, bien que toujours "terribles" (entre -20% et -30% sur un an).
GM bénéficie de ses "bons" produits, de ses efforts marketing et d'une opinion penchant pour une sortie rapide de faillite, selon lui.
Il a répété que les pouvoirs publics souhaitaient une sortie de faillite rapide, car ils "sont préoccupés pour l'activité" si le redressement judiciaire devait s'éterniser.
Le coût de la liquidation des actifs restants de GM pourrait dépasser les 950 millions de dollars évalués par le Trésor. La facture pourrait atteindre selon M. Henderson jusqu'à 1,2 milliard.
En dépit du barrage roulant de questions des avocats, un feu vert de la justice est perçu comme une formalité par plusieurs observateurs, qui soulignent la célérité avec laquelle ont été franchies les précédentes étapes du processus judiciaire.
"Il n'y a aucun suspense!", lâche un spécialiste assistant aux auditions de GM mais ne couvrant pas le dossier.
Impatient face aux avocats, le juge Gerber a fait voeu "de garder son calme", mais a exigé que "les questions soient centrées sur ce qui est important".
"Certains ont l'air d'oublier ce que nous essayons d'atteindre", a-t-il lancé, parfois très agacé.
En cas de feu vert de la justice, GM pourrait émerger du régime des faillites courant juillet, un peu plus d'un mois après son dépôt de bilan. Des appels d'opposants pourraient néanmoins freiner ce calendrier.
A titre de comparaison, le concurrent Chrysler, trois fois plus petit, avait réglé ses tracas judiciaires en un temps record de 40 jours début juin, en dépit d'une fronde de créanciers mécontents portée jusqu'à la Cour suprême.
Reste aussi que GM pourrait amender son plan pour intégrer certaines objections. Face à la pression de consommateurs et de l'Etat, GM a déjà accepté la semaine dernière d'assumer la responsabilité légale des véhicules produits avant son redressement judiciaire.