Les chiffres du commerce extérieur des Etats-Unis montrent que l'affaiblissement du dollar, s'il aide les exportations américaines à être compétitives, ne sera pas nécessairement à long terme un stimulant efficace pour la première économie mondiale.
Selon les chiffres publiés mercredi par le département du Commerce, les Etats-Unis ont réduit leur déficit à 44 milliards de dollars en septembre.
A court terme, le pays semble avoir profité de la baisse du billet vert: les exportations ont été en hausse de 0,3% par rapport au mois précédent, à 154 milliards de dollars, soit le montant le plus élevé depuis août 2008.
Les importations se sont tassées, reculant de 1% par rapport à août, à 198 milliards.
La théorie veut que quand un pays affiche un déficit commercial aussi élevé que les Etats-Unis, l'une des raisons peut en être que sa monnaie est surévaluée. C'est ce que pensent bon nombre d'économistes américains, qui voient d'un bon oeil le recul du billet vert.
"Les pays qui dégagent des excédents commerciaux sont censés voir la valeur de leur monnaie monter. Ceux qui ont des déficits commerciaux sont censés la voir baisser (...) C'est vraiment simple", estime Dean Baker, du Center for Economic and Policy Research à Washington.
Vis-à-vis des monnaies des grands partenaires commerciaux des Etats-Unis, le dollar a perdu 1% de sa valeur en septembre et 2,6% en octobre.
Cette glissade a provoqué des débats tendus entre les dirigeants des grandes puissances économiques, amenant fin septembre le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, à parler de "guerre des monnaies".
Plusieurs pays du G20, groupe de pays riches et émergents qui ouvre son sommet jeudi à Séoul, ont accusé les Etats-Unis de chercher délibérément à affaiblir leur monnaie, afin d'en tirer avantage sur les marchés internationaux aux dépens de leurs concurrents.
Cet avantage s'est bel et bien manifesté à court terme.
"En plus d'être meilleur que les prévisions, le déficit dans les échanges de biens s'est mieux tenu qu'il n'était censé le faire", ce qui devrait aboutir à une révision à la hausse des chiffres du PIB au troisième trimestre, a relevé Ian Shepherdson, de High Frequency Economics. Il a estimé à 0,2 point de pourcentage la révision de la croissance potentielle.
Le déficit commercial pèse traditionnellement lourd sur le produit intérieur brut des Etats-Unis depuis qu'il est reparti à la hausse à l'été 2009, pouvant soustraire entre 0,3 et 3,5 points à la croissance.
Mais l'effet du dollar pourrait être de courte durée.
En septembre, le prix moyen du baril de pétrole brut importé a baissé, permettant de réduire de 0,7% le déficit de la balance pétrolière, à 13,8 milliards de dollars.
En octobre en revanche, le cours du pétrole est remonté, en grande partie sous l'effet de l'affaiblissement du billet vert. Cela s'est traduit par un net renchérissement des importations américaines: 0,9% globalement par rapport à septembre, dont 3% pour les importations pétrolières.
Les importations risquent donc de repartir à la hausse en octobre, à moins qu'elles ne deviennent si chères qu'elles soient boudées par les consommateurs américains.
"Il faudrait un dollar encore plus faible (il a déjà baissé de 8% depuis juin, pondéré en fonction des partenaires commerciaux) pour que le commerce extérieur puisse soutenir d'une manière significative la reprise", souligne Sal Guatieri, de BMO Capital Markets.