La banque britannique Lloyds Banking Group (LBG) a essuyé de lourdes pertes en données pro forma au premier semestre, du fait de créances douteuses plus que quintuplées, mais a toutefois rassuré les investisseurs en affirmant que le pire était peut être passé.
Le groupe bancaire, détenu à 43% par l'Etat britannique depuis les plans de sauvetage lancés au coeur de la crise financière, a précisé dans un communiqué mercredi avoir essuyé une perte nette de 3,124 milliards de livres (près de 3,7 milliards d'euros) sur le semestre achevé fin juin, contre un bénéfice correspondant de 1,95 milliard de livres un an plus tôt.
Sur le semestre, la perte imposable a atteint 3,957 milliards, contre un bénéfice de 2,775 milliards de livres il y a un an.
C'est moins que prévu par les analystes, qui tablaient sur une perte avant impôts autour de cinq milliards de livres.
Le produit net bancaire a quant à lui progressé de 7% à 11,94 milliards.
Cette énorme perte nette, la plus importante enregistrée pour l'instant par une banque britannique au cours du semestre écoulé, s'explique par l'envolée des provisions pour dépréciations, en raison essentiellement du gonflement des créances douteuses issues de Halifax-Bank of Scotland (HBOS), banque qui avait fusionné en début d'année avec sa concurrente Lloyds TSB pour donner naissance à LBG.
Ces provisions se sont envolées à 13,4 milliards de livres, plus que quintuplées par rapport au premier semestre 2008, où elles atteignaient 2,5 milliards de livres.
Ces résultats sont calculés en données pro forma, c'est-à-dire comme si la fusion entre Lloyds TSB et HBOS avait déjà eu lieu l'an passé.
LBG a confirmé au passage qu'elle prévoyait d'être déficitaire sur l'ensemble de l'exercice, tout en assurant que les dépréciations avaient probablement atteint un pic, et que ses résultats devraient donc commencer à s'améliorer dans les mois qui viennent.
"La direction prévoit que les résultats du groupe s'amélioreront à partir du second semestre et durant l'exercice suivant", a déclaré le directeur général Eric Daniels, cité dans le communiqué.
M. Daniels a également assuré que l'intégration de Lloyds TSB et HBOS se déroulait en avance sur le calendrier prévu, et a fait miroiter aux actionnaires une importante croissance à moyen terme.
Cet optimisme, jugé encourageant par plusieurs courtiers, ainsi que la perte imposable plus faible qu'attendu, ont fait bondir le cours de la banque, qui a terminé en hausse de 10,60% à 93,20 pence à la Bourse de Londres, dans un marché en baisse de 0,52%.
Ce rebond "est un soupir de soulagement collectif (des investisseurs), à l'annonce que les dépréciations ont atteint un pic", a estimé Richard Hunter, responsable actions au sein de la maison de courtage Hargreaves Lansdown.
Mais il a rappelé que la banque était très dépendante du marché britannique, et que son avenir boursier serait donc largement lié au redémarrage de l'économie.