Le déficit commercial de la France s'est réduit en avril grâce à une baisse des importations plus importante que celle des exportations, mais les signes d'amélioration restent très fragiles, préviennent les économistes.
Après avoir atteint 4,307 milliards d'euros en mars, le déficit commercial français est repassé sous la barre des 4 milliards d'euros en avril, s'établissant à 3,792 milliards d'euros, ont annoncé mardi les Douanes.
Sur les douze derniers mois, le déficit cumulé s'établit à 56,835 milliards d'euros.
Les importations de l'industrie manufacturière, "qui étaient en voie de stabilisation au premier trimestre", se sont contractées nettement en avril, notamment depuis l'Union européenne, a souligné le ministère des Finances sur son site internet. "Les achats de véhicules automobiles retombent, après leur reprise de mars, et les approvisionnements en produits pétroliers raffinés se contractent fortement", détaille Bercy.
Au total, les importations ont diminué, à 30,801 milliards d'euros après 31,783 milliards d'euros en mars. Ces importations en retrait sont le signe "que nos entreprises sont encore tétanisées", a commenté Nicolas Bouzou, analyste chez Asterès.
Parallèlement, les exportations ont diminué "plus modérément", selon Bercy. Elles s'établissent à 27,009 milliards d'euros en avril après 27,476 milliards en mars. "La stabilisation des ventes de l'industrie manufacturière se confirme en dépit d'un net recul des ventes d'équipements mécaniques et de matériel", souligne notamment Bercy.
"Le point le plus problématique concerne la rechute des exportations de biens d’équipement, qui montre que l’investissement des entreprises ne repart pas", a estimé Nicolas Bouzou. "Nos exportations vers l’Allemagne sont en particulier en retrait, comme celles vers les pays d’Europe de l’Est, ce qui démontre que la conjoncture dans les pays émergents reste compliquée", a jugé l'économiste.
Selon lui, "tout pousse à penser que les statistiques du commerce extérieur vont dans le sens d’une récession, pour la France, de -3% cette année".
Le gouvernement a lui-même reconnu lundi que la France subirait cette année une récession historique marquée par un recul du PIB de 3,0% et qu'elle n'en sortirait que lentement, avec une croissance de seulement 0,5% en 2010.
"Avec la réappréciation intempestive de l’euro et l’augmentation des prix des hydrocarbures, sans parler de la faiblesse durable de la demande européenne, en particulier allemande, il est fort probable que le déficit (commercial) retrouvera le chemin de la hausse dans les prochains mois", prévient de son côté Marc Touati, chez Global Equities.