A l'origine de la crise, le marché immobilier semble avoir retrouvé des couleurs grâce à des ventes de logements neufs qui devraient flirter en 2010 avec le niveau record atteint en 2007, en raison de dispositifs d'aide publique, mais des incertitudes demeurent à moyen terme.
"Le logement locatif se porte bien et l'accession à la propriété a repris de bonnes couleurs", résume à l'AFP l'économiste Michel Mouillart, enseignant à l'Université Paris X et spécialiste du logement.
"Nous avons tourné la page de la crise", confirme Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de France (FPI).
Depuis le début de l'année, les promoteurs immobiliers ont vendu 53.606 biens immobiliers dans le neuf, en hausse de 17% comparé à la même période en 2009.
La FPI, qui représente 85% des ventes de logements neufs en France, prévoit 115.000 transactions cette année, contre 106.000 en 2009, année marquée par de forts rabais en raison de la crise.
"Ca va mieux. On ne sera pas loin du niveau des ventes de l'année record connue en 2007", s'avance Marc Pigeon, en référence aux 127.000 unités vendues dans le neuf l'année précédant la crise.
En 2008, au plus fort de la récession, seuls 75.000 logements neufs avaient été écoulés dans un secteur immobilier pâtissant dans l'ensemble de la prudence et de l'attentisme des particuliers d'une part et de la frilosité des investisseurs d'autre part.
La chute des crédits immobiliers à risque dits subprime laissait présager un trou noir durable pour le secteur qui devait se traduire par un effondrement des prix et un lent rétablissement.
Mais ce prompt redressement inattendu se reflète également sur les prix, où on assiste à un rattrapage.
Le prix moyen du mètre carré - 3.858 euros/m2 - a par exemple augmenté de 5% entre juillet et septembre comparé à la même période un an plus tôt.
En Ile-de-France (IDF), région la plus chère, le prix du mètre carré a progressé de 7,7%, à 4.490 euros, et de 4,9% à 3.858 euros pour la province.
Cette embellie s’explique essentiellement par les mesures du plan de relance gouvernemental.
Le dispositif locatif de défiscalisation Scellier, destiné aux investisseurs achetant des logements pour les louer, représente par exemple 66% des ventes dans le neuf depuis le début de l'année, selon la FPI.
Le marché de la primo-accession a été dopé par le doublement du prêt à taux zéro (PTZ), et le Pass foncier, un système qui permet aux ménages modestes d'acquérir le terrain après le logement.
L'immobilier neuf a par ailleurs bénéficié indirectement de conditions de taux de crédit immobilier très attractives. Les taux d'intérêt sont pour la plupart en dessous de 4%, du jamais-vu, souligne M. Mouillart.
"Les ménages ont largement utilisé les dispositifs d'aide mis à leur disposition. C'est ce qui explique le redémarrage spectaculaire de l'immobilier", assure l'économiste.
Cette tendance devrait se poursuivre l'année prochaine malgré la fin de ces dispositifs d'ici fin décembre.
"L'année 2011 sera positive mais 2012 nous inquiète", prévient la FPI. L'organisation redoute une suppression pure et simple des dispositifs d'aide publique dans le cadre de la rigueur budgétaire et un durcissement des conditions du crédit. Autant de mesures, si elles voient le jour, qui pourraient peser sur le moral des particuliers et limiter les investissements.
Michel Mouillart est moins pessimiste même s'il reconnaît que l'année 2012 comporte des "points d'ombre" pour la conjoncture et le secteur immobilier en particulier.
Il estime que l'effet conjugué de la croissance et de la baisse du chômage devrait permettre à l'immobilier neuf de contrebalancer un éventuel impact négatif résultant de la disparition des aides publiques.