Le président de Barclays, Marcus Agius, a démissionné lundi pour tenter d'apaiser le scandale sur des manipulations de taux interbancaires par la banque britannique, dont la réputation a selon lui subi un "coup dévastateur".
Le Premier ministre conservateur David Cameron a de son côté annoncé le lancement d'une commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur cette affaire.
Barclays va lancer un audit indépendant sur ses pratiques, qui doit conduire à un rapport public et à la publication d'un nouveau code de conduite pour ses employés.
"Les événements de la semaine dernière ont mis en évidence des comportements inacceptables au sein de la banque et ont porté un coup dévastateur à la réputation de Barclays", a estimé M. Agius, qui partira dès qu'un successeur lui sera trouvé, après presque six ans de présidence.
Il a également démissionné de son poste de président de l'influente Association des banquiers britanniques (BBA).
Barclays avait annoncé mercredi dernier qu'elle allait payer au total l'équivalent de 290 millions de livres --soit environ 360 millions d'euros-- pour mettre fin à des enquêtes des régulateurs britannique et américain sur des tentatives de manipulation du taux interbancaire Libor.
Ces taux définissent le prix auquel les banques se prêtent de l'argent mais aussi indirectement ceux des crédits aux ménages et aux entreprises.
L'affaire a fait grand bruit au Royaume-Uni et le directeur général de Barclays, Bob Diamond, est convoqué mercredi devant des parlementaires britanniques pour s'expliquer.
"Je suis déçu parce que nombre de ces comportements ont eu lieu sous ma direction. C'est ma responsabilité de m'assurer que cela ne se reproduise pas", a déclaré M. Diamond dans un courrier lundi aux salariés.
Le dirigeant américain, très impopulaire car devenu le symbole des excès de la finance en Grande-Bretagne, reste toujours sous pression après la démission de M. Agius.
Le leader de l'opposition travailliste, Ed Miliband, a ainsi renouvelé ses appels au départ de M. Diamond. Le vice-Premier ministre Nick Clegg s'est pour sa part demandé "quand les autres dirigeants de Barclays prendront leurs responsabilités pour ce qui s'est passé sous leur supervision".
Le gouvernement a déjà annoncé samedi que le fonctionnement du Libor allait être passé au crible par une instance indépendante.
David Cameron est allé plus loin lundi en annonçant la mise sur pied d'une commission d'enquête parlementaire. Elle "aura accès à tous les documents, responsables et ministres, y compris les ministres et conseillers spéciaux du gouvernement (travailliste) précédent, et recevra du gouvernement toutes les ressources dont il a besoin pour remplir sa mission", a-t-il promis.
L'office britannique de lutte contre la délinquance financière (SFO) a pour sa part indiqué envisager des poursuites pénales, sur lesquelles il doit se décider d'ici un mois.
Le scandale ne devrait pas en rester là et pourrait bien s'étendre à d'autres banques, alors que des enquêtes ont été ouvertes sur plusieurs continents pour des tentatives de manipulation des taux britannique Libor et européen Euribor.
La Royal Bank of Scotland (RBS), qui est notamment visée par ces investigations, a ainsi licencié quatre de ses traders à la fin 2011 pour leur implication présumée dans des manipulations.
Le titre Barclays a terminé la séance de lundi en hausse de plus de 3%, après avoir perdu plus de 15% depuis jeudi dernier.