L'économie britannique est plongée dans une récession encore plus profonde qu'on ne le pensait jusqu'ici, de nouvelles statistiques ayant montré mardi qu'elle avait subi au début de l'année sa pire contraction trimestrielle depuis plus d'un demi-siècle.
Le Produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni s'est contracté de 2,4% au premier trimestre par rapport au trimestre précédent, a précisé l'Office des statistiques nationales (ONS), dans sa troisième et dernière estimation des comptes nationaux du premier trimestre.
"C'est la plus forte contraction depuis le deuxième trimestre 1958", a souligné l'institut, qui estimait auparavant la chute du PIB à 1,9%.
Sur un an, la chute du PIB a été portée à 4,9%, contre 4,1% dans les estimations précédentes. Cette fois-ci, c'est le pire résultat enregistré depuis que l'ONS a débuté le calcul de cette statistique, en 1948.
Même si les économistes s'attendaient à une révision à la baisse des chiffres de l'ONS, ils étaient loin de prévoir une contraction aussi forte.
Ils tablaient sur un repli de 2,2% sur le trimestre, et de 4,4% sur un an, selon une compilation de leurs prévisions établie par la banque Calyon.
La révision est due à la chute de l'activité dans le secteur du BTP (-6,9% sur le trimestre), qui avait été largement anticipée par les économistes, et à celle plus forte que prévu de l'activité du secteur des services, qui s'est contractée de 1,6%.
L'ONS a par ailleurs révisé à la baisse les chiffres du PIB pour le deuxième trimestre 2008, désormais en baisse de 0,1% et non stable. Ce qui signifie que la récession a démarré au Royaume-Uni dès ce trimestre-là, et non au troisième trimestre 2008 comme on le pensait jusqu'à présent.
Les économistes ont estimé dans l'ensemble que ces chiffres confortaient le risque d'une reprise économique beaucoup plus lente et difficile que ne le prévoit le gouvernement, même si l'activité pourrait commencer à se redresser légèrement d'ici la fin de l'année.
Ce qui ne fait pas les affaires du Premier ministre Gordon Brown, gravement affaibli par la crise électorale du Labour et le remaniement opéré en catastrophe au début du mois.
Lundi, il avait fait étalage d'annonces se voulant ambitieuses devant les députés, dont une hausse des dépenses pour le logement social, mais le même jour, l'OCDE a prédit une stagnation du PIB britannique l'an prochain et adressé une mise en garde contre le dérapage inquiétant des finances publiques.
Howard Archer, chef économiste pour le Royaume-Uni du cabinet IHS Global Insight, a qualifié les données de l'ONS de "choquantes".
Selon lui, même si le PIB devrait enregistrer une contraction beaucoup plus modeste au deuxième trimestre (voire une faible croissance), l'économie britannique va entrer dans une période mouvementée, alternant entre faible contraction et faible croissance jusqu'à l'an prochain, avant de retrouver progressivement une croissance ferme.
Il a également prédit que la Banque d'Angleterre serait forcée de gonfler encore la masse monétaire (via son programme de rachats d'actifs), au moins jusqu'au plafond de 150 milliards de livres pour l'instant autorisé par le gouvernement, et de maintenir ses taux au niveau bas historique de 0,5% jusqu'en 2010.
De son côté, James Knightley d'ING s'est voulu un peu plus optimiste, préférant retenir les nouvelles d'une amélioration de la confiance des ménages britanniques, et d'une hausse de 0,9% des prix immobiliers ce mois-ci. Autant de signes qui laissent espérer selon lui un PIB stable ou positif au second semestre.