Les Bourses asiatiques et européennes reculaient mardi matin, entraînées par la chute de Wall Street la veille au soir, sous l'effet d'une accumulation d'inquiétudes sur tous les moteurs de l'économie mondiale: Etats-Unis, zone euro et pays émergents.
La Bourse de Tokyo a terminé sur un plongeon de 4,18%, dans un marché fébrile où les échanges ont été nombreux. C'est la pire séance de la première place asiatique depuis juin 2013.
Ailleurs en Asie, Shanghaï était épargnée car fermée pour le nouvel an chinois, mais Séoul a reculé de 1,73% et Sydney de 1,75%. Hong Kong a clôturé en forte baisse de 2,15%.
La veille au soir, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, avait décroché de 2,08%, après avoir enregistré en janvier son pire mois depuis mai 2012, et son pire début d'année depuis 2009.
En Europe, la Bourse de Paris a ouvert en baisse relativement modérée de 0,39%, mais un recul plus marqué n'était pas à exclure, le plancher des 4.100 points ayant été cassé.
La Bourse de Londres a ouvert en repli de 0,41% et celle de Francfort de 0,65%.
Train fou
C'est que les sujets d'inquiétudes s'accumulent pour les investisseurs, et surtout, ils arrivent d'un peu partout.
On savait les pays émergents fragilisés, mais le chiffre, décevant, de l'activité des industries manufacturières aux Etats-Unis publié lundi, a avivé les craintes sur la solidité de la reprise américaine.
"Les investisseurs ont été pris par surprise par un ISM manufacturier (américain) bien plus faible qu'attendu", a commenté Michael Hewson, analyste britannique de CMC Market. Pour lui, "la plus grande inquiétude est que ces chiffres marquent le commencement d'une croissance américaine un peu moins ferme".
En outre, le secrétaire américaine au Trésor, Jacob Lew, a de nouveau agité l'épouvantail d'un défaut de paiement américain en appelant le Congrès à agir rapidement pour accroître la capacité d'emprunt de la première économie mondiale, capacité qui atteint théoriquement son plafond vendredi.
Parmi les émergents, la Chine était cataloguée à part, compte tenu de la robustesse de sa croissance, mais Pékin a confirmé lundi le ralentissement de sa production manufacturière en janvier à son plus bas niveau en six mois. Un signal également de mauvais augure.
Enfin, en zone euro, s'il n'y a pas eu d'indicateur particulièrement mauvais jusqu'ici --même si la faiblesse de l'inflation en janvier a quelque peu réveillé les craintes de déflation-- il n'y a pas non plus de raison de se réjouir pour les investisseurs.
Au final, "le marché a l'impression d'avoir été heurté par un train fou et ce qui avait commencé comme un petit exercice de prises de profit est en train de se transformer en quelque chose de bien plus substantiel", a estimé Chris Weston de chez IG.
Rendez-vous jeudi avec la BCE
Un analyste de Crédit Agricole, Mitul Kotecha, a estimé qu'"avec la diminution de l'aide monétaire américaine, des inquiétudes variées pour les pays émergents et une croissance plus faible en Chine, nous avons un cocktail pour quelques semaines instables, si ce n'est plus".
Ce mardi donnera peu d'occasions d'y voir vraiment plus clair car il n'y a à l'agenda que quelques indicateurs d'importance secondaire.
Les prochaines grosses échéances auront lieu jeudi avec la réunion de la Banque centrale européenne et vendredi avec la publication des chiffres américains sur l'emploi.
Du côté des changes, l'euro était relativement stable face au dollar, à 1,3527 dollar peu avant 08H00 GMT contre 1,3529 lundi vers 22H00 GMT. Face au yen, il se renforçait légèrement à 136,64 contre 136,58 la veille.
Le billet vert gagnait du terrain contre le yen à 101,02 contre 100,94 lundi soir.