Les marchés financiers ont connu un accès de faiblesse mardi, inquiets de l'éventualité d'une intervention militaire occidentale en Syrie.
Les marchés boursiers "ont peur d'une potentielle intervention militaire américaine en Syrie", a résumé Ishaq Siddiqi, analyste chez ETX Capital.
En clôture, la Bourse de Paris a plongé de 2,42% et celle de Francfort de 2,28%. Madrid et Milan ont respectivement décroché de 2,96% et 2,34%. Londres a limité ses pertes à 0,79%.
Les Bourses des pays arabes sont celles qui ont le plus tremblé face aux tensions régionales. La place de Dubaï a plongé de 7%, sa plus forte perte quotidienne depuis la crise financière de 2009 qui avait profondément affecté l'économie de l'émirat.
Wall Street a aussi vacillé, son indice vedette le Dow Jones lâchant 1,14%.
"Le risque géopolitique est de retour, cela inquiète les investisseurs financiers", a expliqué Paul Donovan, analyste chez UBS.
Le marché des devises réagissait aussi au regain de risques en favorisant les monnaies jugées sûres que sont le yen et le franc suisse. L'euro parvenait toutefois à profiter d'un bon indicateur allemand pour s'établir vers 21H00 GMT (23H00 à Paris) à 1,3391 dollar, contre 1,3369 dollar lundi à la même heure.
L'or, traditionnelle valeur refuge, gagnait 0,90%, à 1.417 dollar l'once.
Une frappe contre le régime syrien, accusé d'avoir utilisé des armes chimiques, semblait imminente mardi. Washington et ses alliés préparaient le terrain pour une action militaire alors que Damas a promis de se défendre.
"Nous avons positionné des éléments pour être capables de répondre à toute option choisie par le président" Barack Obama, a déclaré le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel. "Nous sommes prêts à y aller", a-t-il assuré.
Le président français François Hollande a déclaré qu'une décision sur une action militaire en Syrie serait prise "dans les prochains jours".
Le Premier ministre britannique David Cameron a de son côté convoqué le Parlement pour un vote jeudi sur "la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l'arme chimique" présumées.
Dans ce contexte de forte incertitude, les investisseurs ont préféré limiter leurs risques en se tournant vers des valeurs plus sûres, à l'image des titres de la dette souveraine allemande. Son taux, qui évolue en sens inverse de la demande, a reculé à 1,847% contre 1,894% lundi à la clôture, sur le marché secondaire où s'échange la dette déjà émise.
Le pétrole au plus haut depuis six mois
Envolée du pétrole
Mais "la répercussion la plus directe de cette escalade a été la remontée du prix du pétrole brut" juge Soledad Pellon, d'IG Markets. Et "l'onde de choc va bien plus loin. Nombreux sont les secteurs qui vont être touchés, ceux de l'aérien et du tourisme" notamment, poursuit-il.
Le baril de brut coté à New York, le WTI, a grimpé à son plus haut en dix-huit mois, à 109,01 dollars, quand le baril de Brent à Londres atteignait son niveau le plus élevé depuis février, à 114,36 dollars.
"Les marchés actions sont assez sensibles à l'évolution du prix du pétrole", explique de son côté Pierre Martin, analyste chez Saxo Banque. Selon lui, les incertitudes géopolitiques ont désormais pris le pas sur les évolutions de la conjoncture auprès des marchés.
Les investisseurs ont en effet ignoré des indicateurs meilleurs que prévu en Europe et aux Etats-Unis, à l'image de la hausse en août de l'indice Ifo, qui mesure le moral des entrepreneurs allemands, et de la progression inattendue de la confiance des ménages en août aux Etats-Unis.
A ce contexte s'ajoutent en Europe l'incertitude politique en Italie et, aux Etats-Unis, celle concernant "le calendrier adopté par la Fed", la Réserve fédérale américaine, pour un possible resserrement monétaire, souligne Michael Hewson, analyste de CMC Markets.