Les prix à la pompe de l'essence et du diesel ont repris leur progression à la hausse la semaine dernière, augmentant de un à deux centimes après une accalmie fin juillet pour retrouver des niveaux vus début mai, laissant ouverte l'hypothèse d'un gel des tarifs.
L'évolution des prix des carburants a suivi la hausse des cours du pétrole brut en juillet, avec un baril qui a pris près de 20 dollars en un mois à 110 dollars, a souligné mardi à l'AFP Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip).
"Les prix des carburants ont réagi bien sûr et ont augmenté entre 5 et 6 centimes d'euro du litre dans la même période", a-t-il observé, ajoutant qu'avec un euro "resté à peu près stable" par rapport au dollar "il n'y a pas eu d'effet d'amortisseur".
"C'est le rebond de prix du brut qui pousse le prix des carburants" qui "suivent avec un peu de retard", a-t-il résumé.
Le gazole, qui représente plus de 80% de la consommation des carburants en France, a grimpé d'environ 1 centime à 1,4060 euro le litre en moyenne, selon les chiffres hebdomadaires de la Direction générale de l'énergie et du climat.
Il revient à son plus haut niveau depuis la première semaine de mai (1,4252) et très proche de sa moyenne du premier semestre (1,4067), mais encore 5 centimes sous son niveau record de la mi-mars (1,4584).
Concernant l'essence, le sans plomb 95 a augmenté de près de deux centimes le litre, à 1,5740 euro. La hausse a été un peu plus limitée pour le sans plomb 98 (+1,2 centime) à 1,6292 euro.
L'essence se situe à ses plus hauts niveaux depuis la deuxième semaine de mai mais reste 9 centimes sous ses records de début avril (1,6664 pour le SP95). Le niveau atteint le 3 août est aussi inférieur à la moyenne des six premiers mois pour le SP95 (1,5880).
- gel des tarifs
Trois facteurs principaux ont poussé le pétrole brut à la hausse en juillet, selon le président de l'Ufip: l'Iran avec "des craintes sur les conséquences de (l')embargo" pétrolier occidental, "un certain apaisement sur la zone euro" qui "a rassuré un peu sur la croissance économique" et des déclarations des dirigeants saoudiens indiquant qu'"un prix de 100 dollars leur allait bien".
D'ici à la fin de l'année, M. Schilansky s'attend à "des prix à la pompe relativement soutenus", car le pétrole brut marque "aujourd'hui une tendance très nette à la fermeté du prix".
Depuis leurs pics atteints en mars-avril, les prix des carburants en France avaient progressivement reculé pour atteindre un point bas fin juin, puis étaient repartis à la hausse.
Ce rebond pourrait reposer la question d'un éventuel gel des tarifs, une promesse de François Hollande dans la campagne présidentielle, mise entre parenthèses avec la décrue des prix.
Fin juillet, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici avait déclaré que cet engagement était "toujours d'actualité" et que le gouvernement n'excluait "en rien, en fonction de l'évolution de la situation, de l'appliquer".
L'hypothèse a été confirmée mardi par le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, se référant à ces déclarations.
"Pierre Moscovici l'a dit (...) Il faut regarder si ce mouvement est un mouvement qui est destiné à continuer sur les marchés internationaux et là, il faudra prendre les mesures qui sont des mesures de blocage", a-t-il dit sur RTL.
"Donc, je sais que le ministre de l'Economie et des Finances est en train aujourd'hui de travailler à ce qui était un engagement de la campagne électorale", a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis, sans vouloir indiquer un niveau de prix qui pourrait déclencher une action.