L'Etat va ralentir fortement les livraisons d'avions de combat Rafale, les limitant à 26 pendant les six prochaines années, contre 11 par an jusqu'à présent, a-t-on appris vendredi auprès du ministère de la Défense.
Alors que Dassault Aviation avait obtenu en 2010 de livrer 11 Rafale par an afin de garantir une cadence minimale de la chaîne de production en attendant les premiers contrats à l'export, le projet de loi de programmation militaire 2014-2019 --qui est présenté vendredi en Conseil des ministres-- ne prévoit plus que l'acquisition de 26 appareils sur cette période.
Paris considère que les négociations avec l'Inde pour l'achat de 126 Rafale sont suffisamment avancées pour être conclues rapidement, explique-t-on dans l'entourage du ministre. "Je suis très confiant", avait dit Jean-Yves Le Drian en visite il y a une semaine en Inde. Et la loi, ajoute-t-on dans son entourage, est bâtie sur l'hypothèse qu'au moins un des quatre autres pays intéressés --Malaisie, Qatar, Emirats Arabes Unis et Brésil-- se sera décidé pour l'appareil français avant la fin de la période.
Dassault considère qu'il faut trois ans à partir de la signature du contrat pour produire le Rafale biplace qu'attend l'Inde. Le contrat avec New Delhi devrait donc être signé cette année pour que le premier appareil soit livré en 2016.
Le constructeur aéronautique ne se voit pas abandonné au milieu du gué pour autant puisque la LPM est assortie d'une clause de révision à la fin 2015 --qui permet au ministère de revoir ses plans si ses hypothèses de travail ne sont pas vérifiées--, et il recevra plusieurs centaines de millions d'euros de commandes pour des programmes d'avenir.
Jean-Yves Le Drian avait déjà indiqué le 11 juin qu'à partir de 2016, Dassault devrait compter sur les exportations pour soutenir la production de l'avion multiroles.
Le ralentissement des livraisons ne remet cependant pas en question les commandes déjà passées de 180 Rafale, ni une éventuelle cinquième tranche de commandes, a souligné un conseiller de M. Le Drian. Cette cinquième tranche ne devrait pas dépasser 45 appareils puisque le Livre blanc de la Défense publié fin avril prévoit une flotte de 225 avions de chasse pour l'armée de l'air et la marine.
Dans l'entourage du ministre, on fait valoir que les bureaux d'étude de Dassault seront soutenus à hauteur de centaines de millions d'euros pour préparer un drone de combat à l'horizon 2030, en coopération avec le britannique BAE Systems, et pour développer le prochain standard du Rafale, le F3.