Les pays de la zone euro ont mis dimanche à disposition de la Grèce un plan d'aide sans précédent, passant par des prêts d'au moins 30 milliards d'euros pour l'aider à sortir de la crise budgétaire dans laquelle elle est engluée et qui fragilise l'Europe tout entière.
Lors d'une réunion par téléconférence convoquée en urgence, les ministres des Finances de la zone euro se sont mis d'accord sur les conditions de ce programme inédit depuis le lancement de la monnaie commune en 1999, a annoncé leur chef de file, le président luxembourgeois de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker.
"Les Etats membres de l'Eurozone vont mettre à disposition" de la Grèce "des fonds via des prêts bilatéraux", a indiqué M. Juncker lors d'une conférence de presse à Bruxelles, précisant que "tous les Etats membres de la zone euro participeront" en fonction de leurs moyens.
Le plan d'aide envisagé court sur trois ans. Et "le montant total pris en charge par les Etats membres de la zone euro pour la première année s'élèvera à 30 milliards d'euros", a souligné M. Juncker, "chiffre qui doit être complété" par le FMI.
"Les montants pour les années suivantes seront déterminés ultérieurement, en fonction de l'évolution de la situation financière de la Grèce", a-t-il encore dit.
L'enveloppe globale envisagée, incluant le FMI, pourrait atteindre jusqu'à 45 milliards d'euros la première année, dans la mesure où les Européens ont indiqué travailler sur une répartition du financement de deux tiers pour la zone euro, qui doit être majoritaire, et d'un tiers pour le FMI.
Une réunion d'experts de la Commission européenne et du FMI est prévue lundi à Bruxelles pour finaliser les détails.
L'accord trouvé dimanche a validé un compromis technique déjà trouvé au niveau des hauts fonctionnaires vendredi à Bruxelles.
"Nous sommes désormais opérationnels si le mécanisme devait être activé", a souligné M. Juncker, en précisant toutefois que pour le moment "aucune décision d'activation" n'a été prise.
Il revient au gouvernement grec de dire d'abord s'il le souhaite ou pas. L'activation du mécanisme dans ce cas serait "très rapide", a précisé le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn.
A ce stade, le plan de soutien se veut un message destiné à rassurer les marchés sur la disponibilité de l'Europe à aider la Grèce, les promesses faites jusqu'ici ayant été jugées trop peu concrètes.
Le gouvernement grec a réaffirmé dimanche qu'il n'avait pas demandé d'activer le mécanisme de soutien européen. Il continue à dire qu'il s'en sortira par ses propres moyens grâce aux mesures d'économies budgétaires déjà prises.
Toutefois, de l'avis des professionnels des marchés, il est de plus en plus probable qu'Athènes va y recourir.
Les pays de la zone euro sont disposés à prêter des fonds à la Grèce à un taux "autour de 5%", soit nettement moins que le taux de 7,5% que doit acquitter Athènes aujourd'hui sur les marchés obligataires, a précisé Olli Rehn.
Il a toutefois réfuté l'idée selon laquelle cela constituerait une "subvention" à la Grèce. L'Allemagne en particulier a insisté pour que les taux ne soient pas trop bas, afin de ne pas donner le sentiment qu'on récompense les mauvais élèves de la zone euro.
La Grèce est confrontée depuis plusieurs mois à une crise budgétaire sans précédent.
Du fait de l'ampleur de ses déficits, beaucoup plus élevés que prévu, et de sa dette (300 milliards d'euros), le pays éprouve des difficultés grandissantes à emprunter sur les marchés financiers qui ont perdu confiance et exigent des taux toujours plus élevés.
Ces derniers atteignent actuellement plus du double de ceux que doit payer l'Allemagne.