La zone euro doit boucler avant juillet un deuxième plan d'aide à la Grèce mais est divisée sur la forme de la participation des créanciers privés, tout l'enjeu étant d'éviter que les marchés paniquent en y voyant une forme de restructuration de dette.
La Commission européenne a indiqué vendredi que, dans le cadre des discussions sur les aides à Athènes, les Européens envisageaient "la faisabilité d'un rééchelonnement volontaire de la dette" grecque.
Ce serait "à la condition, extrêmement importante, que ceci ne crée pas un événement de crédit", à savoir un défaut de paiement ou une situation interprétée comme telle qui affolerait les marchés, a insisté Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn.
Les précautions de Bruxelles montrent à quel point les Européens marchent sur des oeufs.
Le gouvernement allemand veut ménager son opinion publique, hostile à payer encore pour les Grecs alors que ceux-ci ont déjà obtenu en mai 2010 des Européens et du Fonds monétaire international la promesse de 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans.
Pour calmer ses électeurs, Berlin exige une participation des banques privées créancières de la Grèce. Son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, suggère d'échanger les obligations qu'elles détiennent actuellement contre d'autres de même montant, mais à l'échéance repoussée de sept ans.
Le problème, c'est qu'un tel rééchelonnement est considéré comme une forme "douce" de restructuration de la dette, par opposition à la restructuration "dure" où les créanciers perdent le remboursement d'une partie de leurs prêts.
Et une restructuration, Paris ne veut pas en entendre parler, quelle que soit sa forme.
La Banque centrale européenne non plus: son chef-économiste, Jürgen Stark, a dénoncé des "discussions stériles", menées "pour des raisons politiques", et son président, Jean-Claude Trichet, a exclu catégoriquement "toute participation des créanciers qui ne serait pas volontaire".
Le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a d'ailleurs assuré vendredi que le modèle envisagé serait un renouvellement "volontaire" des prêts du secteur privé à Athènes quand ils arriveront à échéance.
"Nous trouverons un accord d'ici la fin du mois" sur une nouvelle aide à la Grèce, a affirmé le président de l'UE, Herman Van Rompuy.
Le temps presse. Des experts de la Commission, de la BCE et du FMI, qui reviennent d'une mission à Athènes, jugent que "la Grèce ne sera probablement pas capable de retourner sur les marchés en 2012", selon un résumé de leur rapport ayant filtré cette semaine.
Or, le plan négocié l'an dernier prévoyait qu'Athènes recommence à emprunter en partie sur les marchés l'an prochain. Ils "est maintenant sous-financé", prévient le rapport, "le prochain versement (des prêts des Européens et du FMI) ne peut pas avoir lieu avant que ce sous-financement soit résolu."
En clair: faute d'un plan d'aide supplémentaire agréé d'ici là, le versement de 12 milliards d'euros prévu en juillet ne pourra intervenir, ce qui placerait Athènes en situation de défaut de paiement.
Selon un diplomate européen, le nouveau plan de soutien à l'étude représenterait au moins 90 milliards d'euros. Un tiers environ proviendrait de recettes de privatisations grecques, un tiers de prêts des Européens et du FMI, et le reste d'une participation des créanciers privés de la Grèce.
Son montant final dépendra à la fois de la contribution des banques, et de l'inclusion ou pas dans l'enveloppe des 57 milliards d'euros qui restent à verser par rapport aux 110 milliards promis l'an dernier.