La production d'hydrocarbures de l'italien ENI, premier producteur étranger en Libye, a été réduite de plus de 50% à 120.000 barils par jour dans ce pays en raison des violences, a indiqué jeudi son directeur général.
Alors que le groupe produisait avant l'explosion de la révolte "280.000 barils équivalent pétrole par jour, dont une grande partie de gaz", il produit actuellement environ 120.000 barils par jour, a indiqué Paolo Scaroni, en marge d'une audition parlementaire à Rome, selon des propos rapportés par un porte-parole.
Ce chiffre correspond à la production nette d'ENI, c'est-à-dire la part lui revenant sur les gisements.
La production libyenne a globalement chuté de 1,2 million de barils par jour, a ajouté M. Scaroni. Elle a donc été divisée par quatre. Cette estimation avait déjà été citée par les analystes de Natixis mercredi.
La Libye, membre de l'Opep, est l'un des quatre principaux producteurs d'Afrique. Selon l'Agence internationale de l'énergie, elle produit en temps normal 1,69 million de barils par jour et en exporte 1,49, en immense majorité (85%) vers l'Europe.
Le directeur général d'ENI, qui a indiqué qu'il était "difficile de prédire quand tout reviendrait à la normale", a précisé que certains gisements dans l'ouest de la Libye fonctionnaient normalement.
ENI a annoncé mardi la suspension de certaines de ses activités de production en Libye pour des raisons de sécurité mais n'avait pas précisé jusqu'à présent la part de sa production qui était concernée.
Le groupe a également interrompu les livraisons de gaz libyen à travers le gazoduc Greenstream, qui est le seul gazoduc reliant la Libye à l'Italie et donc à l'Europe.
ENI est le premier producteur étranger en Libye, pays dont l'Italie est l'ancienne puissance coloniale, avec une production nette de 244.000 barils par jour en 2009 (dernier chiffre annuel disponible).
Ce chiffre monte à environ 640.000 barils si l'on inclut la part revenant à la compagnie libyenne NOC dans le cadre des accords de partage.
ENI n'était pas en mesure d'indiquer à combien s'élevait la perte de production totale sur les gisements qu'il exploite, en incluant la part revenant aux Libyens.
M. Scaroni s'est voulu rassurant en indiquant que la perte de production de pétrole libyen n'était pas quelque chose de significatif au niveau mondial car ce pétrole pouvait facilement être remplacé par du brut d'autres pays.
Il a également répété que le problème de l'approvisionnement de l'Italie en gaz ne se posait pas.
Soulignant que la hausse des prix était due à la spéculation plus qu'à un réel problème d'approvisionnement, M. Scaroni a jugé que les prix pourraient repasser sous les 100 dollars "si la situation politique internationale se calme". Le baril de Brent de la mer du Nord a frôlé les 120 dollars jeudi, son plus haut niveau depuis 30 mois.
Plusieurs autres compagnies pétrolières opérant en Libye ont annoncé un ralentissement, voire la suspension de leurs activités, à l'instar des groupes allemand Wintershall, français Total et espagnol Repsol.