L'Inde et l'Afrique ont conclu leur deuxième sommet commun mercredi à Addis Abeba avec à la clé une enveloppe de 5,7 milliards de dollars pour le continent africain et un engagement conjoint à réformer la composition du Conseil de sécurité de l'ONU.
Qualifié de "plein succès" par le président de la commission de l'UA Jean Ping, ce sommet de deux jours a vu l'Inde confirmer son intérêt économique majeur pour l'Afrique, en débloquant 5 milliards de dollars de prêts pour les trois prochaines années.
Le Premier ministre indien Manmohan Singh a également promis 700 millions de dollars pour établir de nouvelles institutions et des programmes de formation dans des domaines aussi divers que l'agroalimentaire ou la météorologie.
Lors du premier sommet de ce genre, à New Delhi en avril 2008, l'Inde avait promis à l'Afrique 5,4 mds USD de prêts sur cinq ans, dont près de 2 milliards ont été engagés depuis, selon un décompte annoncé lundi par le ministre indien des Affaires étrangères S.M. Krishna.
Développement agricole, nouvelles technologies, formation, communications, M. Singh a mis l'accent sur ces secteurs de développement pour l'Afrique, qui bénéficieront en priorité des prêts indiens.
Reste que, comme la Chine, l'Inde apparaît soucieuse de bénéficier du pétrole et des ressources premières de ce continent ainsi que de son potentiel commercial afin d'alimenter sa croissance, relèvent les observateurs.
L'Afrique s'intéresse également de près à ce partenaire, comme en témoigne la présence au sommet d'Addis d'une dizaine de chefs d'Etat, parmi lesquels l'Ethiopien Meles Zenawi, le Kényan Mwai Kibaki et le président en exercice de l'UA, l'équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema.
La Chine conserve cependant un poids nettement plus important en Afrique, avec des échanges commerciaux de 126,9 mds USD (89 mds EUR) l'an dernier. Les échanges entre l'Inde et l'Afrique "s'élèvent à environ 46 milliards de dollars", selon le Premier ministre indien.
Interrogé sur les risques liés à l'instabilité politique sur le continent, M. Singh a répondu: "Le fait d'investir est un acte de foi".
"Le peuple et le gouvernement indiens ont suffisamment de foi dans les peuples, sociétés et gouvernements africains. Quelles que soient les difficultés temporaires qu'ils peuvent rencontrer (...) ils ont la volonté, les ressources et la capacité à les dépasser", a-t-il déclaré.
Outre le volet économique, les deux partenaires ont signé "la déclaration d'Addis Abeba", un document laissant entrevoir une coopération politique accrue.
"La coopération doit se faire au profit des deux parties. Cela veut dire que les pays africains n'attendent pas seulement de l'Inde, mais qu'ils peuvent aussi apporter leur contribution au développement de l'Inde", a pointé M. Obiang Nguema.
"Nous avons ainsi abordé la réforme des Nations unies, un sujet pour lequel l'Inde est en pointe, elle qui aspire à occuper un siège au Conseil de sécurité de l'ONU. Et je crois qu'elle pourra compter sur le soutien de l'Afrique", a-t-il ajouté.
Ainsi, la "Déclaration d'Addis Abeba" appelle instamment à une réforme en profondeur des Nations unies, y compris une extension de son Conseil de sécurité.
"Nous sommes d'avis que les Nations Unies doivent fonctionner de façon transparente, efficace et que la composition de ses organes centraux doit refléter les réalités d'aujourd'hui", écrivent les deux parties.
Enfin, l'Afrique salue dans ce document les efforts de son partenaire indien dans la lutte contre la piraterie somalienne dans l'océan Indien, en dépit de plusieurs interventions controversées et musclées de la marine indienne.
Le prochain sommet Inde-Afrique se tiendra à New Dheli en 2014.