Le ministre des Finances britannique, George Osborne, va devoir admettre mercredi que sa cure drastique de rigueur mettra plus de temps que prévu à porter ses fruits sans toutefois changer de cap même si l'économie du pays, tout juste sortie de la récession, reste convalescente.
Le chancelier de l'Echiquier prononcera à 12H30 GMT devant la Chambre des communes son "discours d'automne", moment fort de la vie économique britannique lors duquel le grand argentier de la Couronne fait le point sur l'état de l'économie du pays et dévoile des mesures correctrices avant la fin de l'année budgétaire qui s'achève fin mars.
Chantre de la rigueur, M. Osborne a mis en oeuvre une cure drastique depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition conservateurs-libéraux démocrates en 2010 dans le but de réduire la ratio dette/PIB à partir de 2015/2016, soit au terme de la législature qui s'achève en 2015, et de parvenir à l'équilibre budgétaire l'année suivante.
Mais dimanche, afin de préparer le terrain à une révision à la baisse de ses objectifs, le ministre a admis sur la chaîne BBC1 que "réduire la dette britannique et nous remettre de la crise financière va prendre manifestement plus de temps que ce que nous avions espéré".
Prise en tenaille entre l'austérité et la crise de la zone euro, l'économie britannique, qui vient de sortir de la récession au troisième trimestre, reste en effet fragile et pourrait même de nouveau se contracter au quatrième trimestre, selon la Banque d'Angleterre.
Au même moment que le discours d'automne, l'Office pour la responsabilité budgétaire (OBR), organisme indépendant chargé de faire les prévisions économiques et de surveiller les finances publiques, devrait donc réviser en baisse ses prévisions de croissance.
Ses dernières, publiées lors de la présentation du budget en mars, faisaient état d'une croissance de 0,8% cette année et de 2% pour 2013, ce qui est désormais inatteignable.
La semaine dernière, l'OCDE a revu drastiquement en baisse ses prévisions pour le Royaume-Uni et s'attend désormais à une contraction de 0,1% cette année avant une croissance de 0,9% l'an prochain. Le Fonds monétaire international (FMI) table lui depuis octobre sur un repli de 0,4% en 2012 et une croissance de 1,1% en 2013.
Mais malgré les appels du FMI et de nombreux économistes à mettre la pédale douce sur la rigueur, le chancelier de l'Echiquier est bien déterminé à ne pas dévier de sa ligne.
"Revenir sur cette politique maintenant, revenir aux dépenses, à l'endettement et à l'emprunt (...) serait un complet désastre pour notre pays", a-t-il affirmé. "Ayons le courage de garder le cap" malgré l'impopularité des mesures, a-t-il par ailleurs insisté dans le journal Sun on Sunday.
Avant même ce discours, le ministre a annoncé lundi le renforcement de la chasse à l'évasion fiscale, notamment par des multinationales qui ont suscité la controverse dans le pays, en payant pas ou peu d'impôts grâce à des artifices comptables.
Il devrait en outre détailler mercredi, selon la presse, de nouvelles coupes dans les allocations sociales et annoncer des mesures renforçant notamment l'imposition des placements dans les fonds de pension des plus riches.
L'opposition, qui accuse le gouvernement d'avoir tué la croissance, appelle en revanche à un changement de cap complet.
"Quand le médicament rend le patient plus malade, il faut en prendre un autre ou changer de docteur", a plaidé dimanche le travailliste Ed Balls, ministre des Finances du cabinet fantôme d'opposition.