Barack Obama et ses adversaires républicains ont repris leurs querelles cette semaine pour savoir si la future commission bipartite chargée de trouver une réponse à l'endettement américain faramineux pouvait proposer des hausses d'impôts.
Cette commission, créée le 2 août dans le cadre de l'accord adopté in extremis au Congrès sur le relèvement du plafond de la dette, devrait comprendre six démocrates et six républicains, issus à la fois de la Chambre des représentants et du Sénat.
Mais les querelles partisanes ont repris dès lundi alors même que les douze élus commencent à peine à être désignés, nourrissant les inquiétudes sur un éventuel échec.
Le président Barack Obama a fait part d'un "certain scepticisme" sur le fait que cette "super-commission" soit en mesure de dégager un compromis sur le problème de la dette, mais il dit espérer que la perte historique de la note financière "AAA" des Etats-Unis vendredi "permettrait de réaliser l'urgence de la situation".
"Je vous assure que nous persisterons jusqu'à ce que le travail soit fait", a-t-il indiqué depuis la Maison Blanche.
Les responsables démocrates et républicains de la Chambre et du Sénat ont jusqu'au 16 août pour choisir les membres de la nouvelle commission.
Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a annoncé mardi avoir désigné Patty Murray, Max Baucus et John Kerry, des personnalités de premier plan du parti démocrate.
"Après les événements de la semaine dernière, le monde va scruter le travail de cette commission", a prévenu M. Reid.
Les 12 élus devront faire des recommandations d'ici Thanksgiving, soit fin novembre, qui devront ensuite passer le cap de la Chambre et du Sénat d'ici la fin décembre.
Si la commission ne parvient pas à se mettre d'accord, ou si le Congrès ne parvient pas à adopter ses recommandations, des coupes automatiques dans les dépenses militaires et de santé à hauteur de 1.200 milliards de dollars seront réalisées, conformément au compromis sur la dette scellé le 2 août.
Barack Obama a déjà appelé la future commission à entreprendre des hausses d'impôts pour les plus aisés et à effectuer des coupes "modestes" dans les programmes sociaux.
Lors des négociations compliquées sur le relèvement du plafond de la dette, le président avait dû renoncer à obtenir la fin des exemptions fiscales pour les plus riches datant de l'ère George W. Bush pour obtenir un compromis avec les républicains, soulevant de vives critiques de la part de ses alliés démocrates.
Aujourd'hui, les républicains ne sont pas plus enclins à accepter des hausses fiscales.
"Augmenter les impôts est tout simplement la mauvaise approche", a lancé le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, qui estime que cela étoufferait les investissements nécessaires pour créer des emplois dans une période où le taux de chômage aux Etats-Unis a atteint les 9,1%.
Le numéro deux républicain à la Chambre, Eric Cantor, est allé plus loin en indiquant que son parti devait "exiger" que la nouvelle commission bipartite rejette les hausses d'impôts.
De son côté, Mitch McConnell, à la tête de la minorité démocrate du Sénat, a martelé que la commission "pouvait et devait" se concentrer sur les réductions budgétaires dans les programmes fédéraux de sécurité sociale, chers aux démocrates.
Mais Harry Reid s'est inquiété dans une interview sur la radio publique NPR du fait "qu'aucune législation ne sortira de cette commission conjointe si les recettes ne font pas partie du paquet. Il va falloir s'y faire".