L'Ukraine a payé la totalité du gaz russe livré en mai, a confirmé lundi le géant gazier russe Gazprom, mais Moscou juge que le spectre d'une nouvelle crise gazière, susceptible de perturber l'approvisionnement de l'Europe comme en janvier, n'est pas écarté.
"Tout ce qui était dû a été payé", a déclaré à l'AFP le porte-parole de Gazprom, Sergueï Kouprianov.
L'entreprise ukrainienne des hydrocarbures Naftogaz avait indiqué vendredi avoir réglé sa facture de gaz pour le mois de mai, alors que la date limite de paiement avait été fixée au 9 juin.
Mais Gazprom n'a pas pour autant estimé que le risque d'une nouvelle crise gazière était écarté, le porte-parole de la société jugeant "peu probable" que Naftogaz parvienne à payer les livraisons du mois de juin.
Même son de cloche à Bruxelles, où une source proche de la Commission européenne a estimé que le problème gazier russo-ukrainien, qui par ricochet pourrait affecter l'Europe, n'était pas réglé.
"Ce n'est pas la fin du problème du tout", a indiqué cette source ajoutant que l'Union européenne maintenait l'envoi d'une mission à Moscou et Kiev pour évaluer la gravité de la situation et savoir "s'il y a vraiment un problème financier côté ukrainienne".
Signe des difficultés de l'Ukraine, le président du pays, Viktor Iouchtchenko, a expliqué vendredi avoir ordonné la création de monnaie pour payer la facture gazière: "Je n'avais pas d'autre solution", a-t-il dit, précisant que 3,8 milliards de hryvnias avaient été émis, soit environ 500 millions de dollars.
Naftogaz avait indiqué devoir payer 647 millions de dollars à Gazprom en mai, mais n'avoir pu rassembler que 120 millions de dollars.
Les responsables russes ont multiplié les mises en garde ces dernières semaines, estimant que l'Ukraine, en raison de la grave crise économique qui frappe le pays, serait dans l'impossibilité de payer ses factures et de remplir cet été ses réservoirs en prévision de la saison hivernale.
Moscou avait dès lors appelé l'Union européenne à cofinancer un crédit à l'Ukraine afin d'empêcher une répétition du conflit gazier russo-ukrainien du mois de janvier, qui avait conduit une bonne partie de l'Europe à être privée de gaz russe.
Bruxelles ne s'est pas montré favorable à une telle solution, tout en promettant de discuter de la question gazière lors du prochain Conseil européen les 18 et 19 juin.
La Russie a prévenu que si l'Ukraine prenait du retard dans le règlement de ses factures, les livraisons suivantes n'auraient lieu qu'en cas de prépaiement.