En plein débat sur la relance économique dans l'UE, la chancelière allemande Angela Merkel a fait savoir qu'un ordre du jour sur la croissance se préparait pour le sommet européen de juin, tout en refusant une fois de plus de renégocier le traité budgétaire européen.
"Nous préparons un agenda croissance pour le sommet européen de juin", a déclaré Mme Merkel dans une interview au quotidien allemand Leipziger Volkszeitung à paraître samedi.
Interrogée sur d'éventuelles mesures de relance supplémentaires pour la croissance, la chancelière a expliqué: "elles sont à l'agenda dans l'UE depuis l'an passé. Plusieurs Conseils européens s'en sont déjà très concrètement occupés, pour le Conseil de juin nous préparons un agenda croissance".
S'exprimant au cours d'un colloque à Bruxelles, le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy avait annoncé jeudi qu'une rencontre non prévue jusqu'ici des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pourrait avoir lieu avant le sommet des 28 et 29 juin programmé de longue date.
Une réunion pour commencer à définir les contours d'une stratégie de croissance alors que les appels se multiplient à faire redémarrer l'économie de l'Union pour ne pas la soumettre à la seule austérité budgétaire.
"Je n'exclus pas d'organiser un dîner informel des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 afin de préparer le Conseil européen de juin", avait affirmé M. Van Rompuy, sans donner plus de précision sur le calendrier.
Cette réunion extraordinaire au plus haut niveau de l'UE interviendrait après le deuxième tour de l'élection présidentielle en France, selon une source diplomatique, alors que le favori des sondages, le socialiste François Hollande a fait de la croissance comme complément indispensable de toute politique d'austérité un élément clé de sa campagne électorale.
Plusieurs visions apparaissent toutefois pour faire redémarrer l'économie européenne. Vendredi, le président de la Commission européenne et le chef du gouvernement italien, José Manuel Barroso et Mario Monti, ont mis en garde de façon voilée M. Hollande, affirmant que le redémarrage de l'économie en Europe passerait par une amélioration de la compétitivité et non par plus de dépenses publiques.
Pour MM. Barroso et Monti, "la croissance doit se faire en se concentrant progressivement sur la compétitivité et non en augmentant les niveaux d'endettement" étatique, ont-ils affirmé, écartant ainsi toute idée d'une relance par la dépense publique.
Une vision qui rejoint celle de Mme Merkel: "la croissance ne coûte pas forcément de l'argent", a-t-elle déclaré vendredi dans un entretien à la radio allemande régionale NDR. Elle y insiste sur une relance de l'économie européenne portée par des "réformes structurelles", notamment en flexibilisant le marché de l'emploi.
Et de citer notamment les réformes engagées par un ancien chancelier allemand, le social-démocrate Gerhard Schröder, baptisées "Hartz IV", qui ont facilité le recours au travail à temps partiel et par ricochet contribué à faire baisser le taux officiel de chômage en Allemagne.
Dans son entretien au quotidien Leipziger Volkszeitung, Mme Merkel met une fois de plus en garde M. Hollande: "il n'y aura pas de nouvelles négociations sur le traité budgétaire. Vingt-cinq chefs de gouvernement l'ont signé. Au Portugal et en Grèce, il a déjà été ratifié, en Irlande il fera l'objet d'un référendum fin mai".
Et d'ajouter: "Dans beaucoup de pays membres, aussi en Allemagne, le traité budgétaire est dans les mains des parlements".