Michelin a annoncé mercredi à son siège de Clermont-Ferrand la suppression de 1.093 postes dès 2010 et la fermeture d'une usine près de Lille, promettant toutefois qu'il n'y aurait "aucun licenciement", ce dont doutent les syndicats.
Les salariés de trois sites sont concernés par ces suppressions de postes : Tours (340 postes sur 1.300), Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire, 477 postes sur 1.400) et Noyelles-lès-Seclin (Nord, 276 postes), près de Lille, qui va fermer, a précisé à l'AFP une porte-parole du groupe.
Parmi les salariés touchés, 495 bénéficieront de mesures d'âge (retraite anticipée, temps partiel) et 598 de reclassements internes, selon la direction.
A Noyelles-lès-Seclin, la plupart se verront proposer un poste à Clermont-Ferrand, où sera "regroupée l'activité des pneus très haut de gamme", a déclaré à l'AFP le directeur industriel Europe, Thierry Chiche.
Le patron de Michelin, Michel Rollier, a affirmé au quotidien La Montagne, dans un entretien à paraître jeudi, que ces restructurations n'avaient "rien à voir avec la crise" mais visaient à "restaurer la compétitivité" de l'entreprise en spécialisant les sites, comme à Montceau (génie civil) ou Tours (poids lourds).
Le groupe a aussi annoncé investir "plus de 100 millions d'euros" dans son centre mondial de recherches et développement, situé dans la capitale auvergnate où travaillent 11.800 personnes sur 25.000 en France.
Cette réorganisation, qui devrait être détaillée lors d'un comité central d'entreprise (CCE) le 24 juin, se fera "avec zéro licenciement", a martelé la direction qui a présenté en parallèle un "plan de départs volontaires dans toute la France sur trois ans (2010-2012) pour 1.800 salariés" ouvert dès septembre.
Elle prévoit dans le même temps "d'embaucher environ 500 personnes par an", sachant qu'un départ à la retraite sur deux n'est déjà pas remplacé.
Le gouvernement s'est dit "préoccupé" par les suppressions d'emplois et va se mobiliser pour "éviter que qui que ce soit reste au bord de la route", a réagi le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez.
La première secrétaire du PS et présidente de la communauté urbaine de Lille, Martine Aubry, a exprimé sa "colère" devant le "vrai scandale" que constitue selon elle la fermeture de l'usine de Noyelles, tandis que le NPA d'Olivier Besancenot a assuré partager "la stupéfaction et la colère" des salariés, apportant son "soutien à leur mobilisation".
Cette fermeture, vécue comme un "coup de massue" sur place, est programmée pour mi-2010, selon la CGT qui craint des licenciements.
"A chaque fois qu'il y a eu des plans sociaux chez Michelin, il y a toujours eu des licenciements à la clé", a souligné Michel Chevalier (CGT, 1er syndicat), jugeant "peu probable que tous les gens du Nord viennent travailler à Clermont".
La CFDT (2e syndicat) a assuré que la fermeture de l'usine constituait "une grosse surprise", se disant particulièrement "inquiète" pour les ouvriers de ce "bassin d'emploi délicat".
"Michel Rollier nous avait promis encore mi-mai qu'il n'y avait pas de plan social prévu et nous annonce un mois plus tard la fermeture d'une usine", a fustigé Zakir Ali Manjee, l'un des représentants du syndicat Sud.
Enfin, pour la CFTC, qui évalue plutôt entre 2.349 à 3.554 les suppressions d'emplois d'ici fin 2011, ces annonces ne sont que la "partie visible de l'iceberg".
A Montceau-les-Mines, les salariés étaient "abasourdis", selon la CGT.