La Commission européenne a dévoilé jeudi à Tallinn neuf projets de réseaux transeuropéens de transports, auxquels elle va consacrer les 26 milliards d'euros alloués pour les Transports dans le budget européen 2014-2020, afin de mieux relier tous les pays de l'UE et accélérer le désenclavement.
"Les Etats doivent maintenant présenter des projets concrets", a lancé le vice-président de la Commission européenne Siim Kallas lors d'un séminaire ministériel organisé à Tallinn, sa ville natale.
Ces "corridors" qui doivent quadriller l’Europe du nord au sud et d’ouest en est seront connectés entre eux et engloberont 94 ports et 38 aéroports. Le projet impose de créer 15.000 kilomètres de voies ferrées à grande vitesse et de développer 35 projets d'infrastructures transfrontaliers, comme le tunnel pour la ligne fret et passager reliant Lyon et Turin.
La Commission européenne a décidé de mettre le paquet sur ces grandes infrastructures transfrontalières, en co-finançant jusqu'à 40% de leur coût. Pour le tunnel ferroviaire Lyon-Turin, cela représente 3,4 milliards d'euros sur les 8,5 milliards d'euros estimés pour percer et aménager ce tunnel de 57 kilomètres. La France devra mobiliser 2,2 milliards d'euros et l'Italie 2,9 milliards.
"Les Etats se sont tous engagés à faire leur part. S'ils ne le font pas ils mettent en danger tous le projet", a averti Siim Kallas.
Il a réuni à Tallin les ministres des Transports français Frédéric Cuvillier et italien Maurizio Lupi pour s'assurer de la volonté des deux parties. Le projet de ligne Lyon-Turin sera au coeur des discussions au cours du sommet France-Italie le 20 novembre à Rome.
Pour ce projet, les deux pays devront également financer les voies d'accès au tunnel: 150 km coté français et 50 km côté italien.
Or la France semble vouloir privilégier les lignes TGV internes. La liaison Lyon-Chambery serait ainsi jugée prioritaire au détriment de la liaison Lyon-Saint-Jean-de-Maurienne. De même serait privilégiée la ligne TGV Bordeaux-Toulouse au détriment de la ligne Bordeaux-frontière espagnole, ce qui ulcère les autorités espagnoles qui ont consenti d'énormes investissements pour faire leur part sur leur territoire.
Les "corridors" retenus sont celui de Méditerranée (Est de la péninsule ibérique-Italie-Hongrie-Ukraine), Atlantique (ouest de la péninsule ibérique, Paris, port du Havre et Strasbourg) et Mer du Nord-Méditerranée (Irlande et Glasgow au Nord du Royaume Uni-Pays-Bas-Belgique-Luxembourg-Marseille).
Les six autres "corridors" sont le Rhin-Alpes (pour connecter les ports de Rotterdam (Pays-Bas) et Anvers (Belgique) au port de Gênes en Italie, le Rhin-Danube (pour relier Strasbourg et Francfort à la mer noire et à l'Ukraine), le Scandinavie-Méditerranée (afin de relier Finlande et Suède à la Sicile), l'Orient-Méditerranée Est (pour relier Rostock et Hambourg (Allemagne) à la Grèce) le Baltique-Adriatique (pour relier Gdansk et Szczecin, en Pologne à Trieste et Venise) et le Mer du nord-Baltique (relie Tallin, Riga et Vilnius aux ports de Rotterdam et Anvers via la Pologne et l'Allemagne).