Après une relative accalmie ces derniers mois, le gouvernement espère que le nombre d'inscrits à Pôle emploi fin août, dévoilé mercredi, viendra accréditer l'optimisme de François Hollande, qui se dit "tout près" de son objectif d'inverser la courbe du chômage avant la fin 2013.
En juillet, pour le 27ème mois consécutif, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité en métropole avait encore augmenté, atteignant un nouveau pic: 3,28 millions. Mais à un rythme moindre qu'en début d'année, signe perçu comme un "encouragement" par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Le ministère du Travail avait ainsi relevé que l'évolution moyenne mensuelle des trois derniers mois (+7.100 personnes en catégorie A, sans activité) s'avérait quatre fois moins élevée que celle des trois mois précédents (+31.700).
Autre motif de satisfaction pour le gouvernement: la baisse, depuis un trimestre, du nombre de chômeurs de moins de 25 ans. "L'inversion de la courbe du chômage des jeunes est d'ores et déjà engagée", affirme ainsi Michel Sapin.
Encouragé par ces signaux, François Hollande a assuré mi-septembre sur TF1 qu'il était "tout près du but". "Je m'étais engagé devant vous, devant les Français l'année dernière à la même époque, pour dire que je ferai tout (...) pour inverser la courbe du chômage à la fin de l'année 2013. Nous y sommes presque", a-t-il lancé.
A cette occasion, le chef de l'Etat a salué la politique de l'emploi (emplois d'avenirs, contrats aidés, contrats de génération, loi sur l'emploi) qui a permis selon lui "d'assurer à des jeunes et des moins jeunes une possibilité d'avenir".
Après un lent décollage, les emplois d'avenir, destinés aux jeunes pas ou peu qualifiés, semblent avoir atteint un rythme de croisière: 56.000 ont été signés, et l'objectif de 100.000 à la fin de l'année semble désormais à portée.
Ces derniers viennent s'ajouter aux emplois aidés classiques (plus de 480.000 au total pour 2013), dont Michel Sapin a demandé l'allongement pour atteindre 12 mois en moyenne.
Une baisse fin 2013 "plus que probable"
Du côté du contrat de génération, lancé en mars dernier, le premier bilan est moins reluisant.
Seules 10.600 demandes d'aides ont été déposées pour l'embauche de jeunes en CDI et les entreprises de plus de 50 salariés peinent à s'emparer de ce dispositif, lourd à mettre en œuvre. L'objectif est fixé à 75.000 signatures d'ici fin mars 2014.
Le gouvernement mise aussi sur le plan de formation en urgence pour 30.000 chômeurs, destinés à pourvoir autant d'emplois dits vacants d'ici décembre.
Ce n'est pas un hasard si le chef de l'Etat insiste sur les fruits attendus de la politique de l'emploi pour concrétiser sa promesse.
D'ici la fin de l'année, il ne pourra en effet pas compter sur la croissance, indispensable aux créations d'emplois dans le secteur privé.
Les économistes estiment qu'environ 1,5 point de hausse annuelle du PIB est nécessaire pour créer des emplois, un chiffre bien au-delà de celui attendu en 2013, et même en 2014.
Pour Eric Heyer, directeur adjoint à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), "rien n'interdit toutefois une baisse du chômage", qu'il juge "plus que probable" à la fin de l'année.
"La politique de traitement social du chômage est passée à un braquet complétement différent", explique-t-il, évoquant notamment l'allongement de la durée des contrats aidés, qui, en maintenant "200.000 personnes en emploi, peut avoir des effets massifs en fin d'année".
"Mais peut-on dire qu'il s'agira d'une inversion durable de la tendance? Non, car les destructions d'emploi continueront dans le secteur privé" en 2014, nuance-t-il.
Jean-Marc Ayrault l'a lui-même concédé: "dans la durée", "ce n'est pas comme ça (avec les emplois aidés), qu'on parviendra" à "gagner la bataille de l'emploi".
"Pour que la situation s'améliore dans la durée, il faut aussi que la croissance reparte, que les entreprises puissent investir ou embaucher", a-t-il récemment déclaré, justifiant ainsi la nécessité de baisser le coût du travail pour les employeurs.