L'ancien patron de Deutsche Bank, Josef Ackermann, a annoncé jeudi qu'il allait quitter le conseil de surveillance du conglomérat industriel Siemens, seulement deux semaines après avoir démissionné de celui de Zurich Insurance.
"Complètement indépendamment de ce qui s'est passé chez Zurich Insurance, j'ai aussi décidé de me retirer du conseil de surveillance de Siemens", a déclaré M. Ackermann, en référence au suicide du directeur financier de l'assureur et aux mises en cause qui ont suivi.
Josef Ackermann, 65 ans, s'exprimait de manière impromptue lors de la présentation à Berlin de sa biographie, écrite par l'ancien responsable de la communication de Deutsche Bank.
En quelques jours, celui qui fut le chef charismatique mais aussi contesté de la première banque allemande pendant dix ans abandonne deux de ses principaux mandats, même s'il en conserve d'autres, notamment celui de membre du conseil du pétrolier anglo-néerlandais Shell.
Il n'est pas rentré dans le détail des raisons de son départ du conseil de Siemens, dont il était vice-président et membre depuis 2003, mais celui-ci trouve son origine dans le limogeage précipité fin juillet du patron de Siemens Peter Löscher, remplacé au bout de quelques jours par le directeur financier d'alors Joe Kaeser.
Sur ce choix et la manière de faire, M. Ackermann se serait vivement opposé au président du conseil Gerhard Cromme, autre grand nom souvent contesté de l'économie allemande. Siemens ne s'est pas exprimé jeudi sur la décision de Josef Ackermann.
Espérant que sa biographie permettrait aux lecteurs de mieux le connaître, Josef Ackermann a également clairement refusé toute mise en cause dans le suicide du directeur financier de Zurich Insurance, Pierre Wauthier.
des reproches incompréhensibles
C'est à la suite de ce décès que M. Ackermann avait démissionné de ses fonctions chez l'assureur, indiquant alors avoir "des raisons de croire que la famille est d'avis que je devrais prendre ma part de responsabilité".
La révélation d'une lettre laissée par M. Wauthier avant son suicide et citant M. Ackermann n'avait fait qu'amplifier les spéculations sur les raisons de son geste. Jeudi, le banquier suisse s'est vigoureusement défendu de toute responsabilité.
"Que je sois rendu responsable de son suicide dans sa lettre, je dois le réfuter avec fermeté", a-t-il déclaré.
"Ses reproches à mon encontre ne sont d'aucune manière compréhensible", a-t-il ajouté, précisant n'avoir eu que "peu de contacts professionnels avec le directeur financier" et toujours lors de discussions "menées avec respect".
"Néanmoins j'ai aussi évidemment dit que certaines choses devaient être améliorées. J'ai aussi recommandé dans un courrier aux actionnaires que l'on montre une image honnête" de la situation du groupe, a expliqué M. Ackermann.
Loué pour sa gestion à poigne de Deutsche Bank à travers la crise financière, Josef Ackermann a aussi fortement été critiqué pour son style et pour l'image d'un capitalisme sauvage qu'il peut renvoyer.
"Certains voient en Josef Ackermann le symbole de la soif de bénéfices et de l'arrogance du pouvoir. D'autres le louent comme un excellent banquier et homme d'Etat", admet son biographe Stefan Baron, en préambule de sa biographie intitulée "Remords tardifs: gros plan sur Josef Ackermann".
Sa double casquette de conseiller du gouvernement Merkel sur les questions financières tout en étant à la tête de la première banque du pays a heurté l'opinion publique.
Mais la plus grande erreur de communication de cet homme à la carrure imposante reste son déplacé "V" de la victoire, fait tout sourire devant les photographes, au premier jour de son procès en 2004 dans l'affaire des parachutes dorés des dirigeants de l'opérateur de téléphonie Mannesmann, et devenu le symbole de l'arrogance d'un banquier s'estimant au-dessus des lois.