Le groupe belge Solvay va débourser 1 milliard d'euros pour racheter la société américaine Chemlogics, spécialisée dans les produits chimiques destinés à l'extraction du pétrole et du gaz, dans le cadre de son recentrage sur les activités à fort potentiel de croissance.
"Il s'agit d'un pas très important dans la transformation de Solvay", a commenté lundi le patron du groupe, Jean-Pierre Clamadieu. Il a rappelé au cours d'une conférence téléphonique que Solvay avait "une stratégie de croissance" qui consiste avant tout "à identifier des moteurs de croissance".
Chemlogics correspond à ce critère puisque le groupe opère dans un marché qui "devrait enregistrer une croissance d'au moins 6% par an", a-t-il noté.
La Bourse a bien réagi à cette annonce: l'action Solvay, cotée à Paris et Bruxelles, gagnait 1,67% vers 09H30 GMT dans un marché en baisse.
La société américaine, qui réalise 500 millions de dollars de chiffre d'affaires et emploie 277 personnes, a enregistré une croissance à deux chiffres de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) sur les cinq dernières années.
C'est une entreprise "modeste en termes d'actifs, mais très proche des clients, des puits de pétrole, et très innovante", a souligné M. Clamadieu.
Cela devrait créer des synergies avec Solvay en termes d'innovation, dans un marché ayant un fort potentiel de développement, notamment "en Australie, en Chine, en Argentine, en Russie, voire en Europe même si ce n'est pas à l'agenda à court terme", a-t-il dit.
Solvay évolue ainsi "vers des métiers à forte croissance, avec des marges élevées et un meilleur équilibre entre marchés finaux et entre régions du monde", a-t-il mis en avant dans le communiqué.
Un marché de 8 milliards de dollars
Cette acquisition vise à gagner une part significative du marché américain des spécialités chimiques pour l'extraction du pétrole et gaz, qui pèse 8 milliards de dollars. Avec Chemlogics, "nous aurons environ 10% de ce marché", a noté le patron de Solvay.
Chemlogics, fondée en 2002 et basée à Paso Robles en Californie, développe des solutions dédiées à la stimulation et la cimentation des puits de pétrole et gaz. Elle dispose de trois usines d'une capacité de production annuelle supérieure à 300.000 tonnes, de huit centres de formulation et de six centres de recherche.
La société travaille notamment dans le secteur du forage horizontal, dont M. Clamadieu a reconnu qu'il était "controversé, en particulier en Europe où il n'est pas utilisé". Mais aux Etats-Unis, "il n'y a pas de preuve que cette technologie est polluante", a-t-il insisté.
Pour lui, le rachat de Chemlogics est même "une occasion d'innover et d'améliorer cette technologie, d'ailleurs absolument indispensable pour continuer de fournir une énergie bon marché en Amérique du Nord".
Cette acquisition, pour 1,3 milliard de dollars (1 milliard d'euros), dette comprise, aura un impact positif sur le niveau de liquidités et le bénéfice net par action dès la première année, selon le communiqué.
Le montant de l'opération correspond, selon Solvay, à 10,7 fois l'Ebitda annuel du groupe américain, et 8,7 fois en tenant compte des effets fiscaux.
La transaction sera financée par la trésorerie disponible. Le groupe belge va procéder à un emprunt obligataire hybride de près d'un milliard d'euros afin de renforcer son bilan "avant l'ouverture d'opportunités de remboursement d'une partie de sa dette à partir de 2014".
La finalisation de la transaction, qui reste soumise au feu vert des autorités américaines, devrait être réalisée avant la fin 2013.
Il s'agit d'une pierre de plus à l'édifice censé permettre à Solvay de générer plus de croissance, notamment grâce à un retour sur investissement plus élevé.
Depuis le début de l'année, le groupe a déjà opéré plusieurs changements dans son portefeuille d'activités. En mai, il avait annoncé la création d'une coentreprise avec le suisse Ineos pour créer un poids lourd du PVC, avec une clause prévoyant sa sortie d'ici quatre à six ans.
L'agence de notation Fitch avait salué cette décision, soulignant que cela allait "améliorer le profil d'entreprise de Solvay" en limitant son exposition au marché du PVC, en perte de vitesse.
Solvay a enregistré en 2012 un bénéfice net de 710 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 12,43 milliards d'euros et un résultat brut d'exploitation récurrent (Rebitda) de 2,07 milliards d'euros.