une semaine de la fin de ses négociations exclusives avec Numericable pour le rachat de sa filiale SFR, la pression monte sur Vivendi, Bouygues faisant le forcing pour que sa contre-proposition soit prise en compte et qu'il puisse revenir dans la course.
Officiellement, tout va bien: Numericable et sa maison-mère Altice indiquent "continuer de travailler avec Vivendi de façon efficace et constructive dans cette période de négociations exclusives" qui court jusqu'au 4 avril.
Mais en coulisses, la bataille fait rage, et le groupe Bouygues joue le tout pour le tout pour que son projet de rachat du deuxième opérateur télécoms français -amélioré de 1,85 milliard d'euros en cash le 20 mars - soit de nouveau sérieusement considéré par Vivendi.
Il a huit jours, n'acceptant pas que son projet ait été écarté, Martin Bouygues avait remis de l'argent sur la table et surtout rallié de nouveaux partenaires de poids, la Caisse des dépôts (CDC), bras financier de l'Etat, ainsi que la famille Pinault et JCDecaux Holding.
Mais Vivendi ne semble pas pour l'instant enclin à raccourcir ou interrompre ses négociations exclusives avec Numericable et Altice.
Dans un courrier en date du 24 mars, cité par le Figaro, le président du conseil de surveillance de Vivendi Jean-René Fourtou a ainsi écrit à M. Bouygues pour lui dire que son groupe, "soucieux de l'intérêt social de l'entreprise et de l'intérêt de ses actionnaires et de ses salariés, va examiner cette offre avec toute la rigueur nécessaire, selon les critères arrêtés avec le comité spécial du conseil de surveillance et en application stricte de notre engagement d'exclusivité".
Ce qui ne veut pas dire que Vivendi ne "regarde" pas la contre-proposition de Bouygues: jeudi soir, le "comité ad hoc" du groupe, composé de quatre administrateurs affectés au dossier SFR, s'est réuni pour examiner cette offre.
Le directoire de Vivendi se serait également déjà penché cette semaine sur le projet Bouygues, avancent certains médias.
- bataille d'engagements sur l'emploi -
La question est de savoir si le simple fait d'examiner une autre offre - sans pour autant entrer en négociations avec la partie l'ayant déposée - peut être reproché juridiquement à Vivendi qui est sensé se concentrer tout entier aux négociations exclusives avec Altice-Numericable.
La validité de l'offre d'Altice-Numericable expire le 4 avril, et celle de Bouygues le 8 avril.
Sur ce dossier plus que stratégique pour le secteur des télécoms, dont l'issue va, quel que soit l'acheteur choisi pour SFR, profondément bouleverser le paysage, le débat s'est aussi déplacé cette semaine sur le terrain social.
Dès lundi, l'intersyndicale de SFR était montée au créneau, exigeant des repreneurs potentiels qu'ils s'engagent "effectivement sur l'emploi" en signant un protocole d'accord sur le maintien des effectifs (près de 9.000 actuellement), mais aussi des statuts et des salaires, sur une période minimum de quatre ans.
Les dirigeants de Numericable et d'Altice ont été les premiers à répondre en s'engageant - dans un courrier à Vivendi et SFR - à ne procéder à "aucun licenciement collectif économique" au sein de l'opérateur pendant 36 mois à compter de la date de fin des négociations exclusives, "sauf revirement économique imprévisible".
Jeudi soir, le groupe Bouygues a à son tour promis de ne procéder à "aucun licenciement économique collectif, plan social, plan de départs volontaires" pendant 36 mois à partir de la signature de l'accord de rapprochement avec SFR (soit "avant la fin du premier semestre 2014", selon lui).
"Nous n'assortissons, quant à nous, notre engagement d'aucune condition restrictive, en particulier liée à des évolutions de marché ou revirements économiques", soulignent les dirigeants de Bouygues et Bouygues Telecom.
Le 14 mars, Vivendi avait justifié son choix de retenir Numericable plutôt que Bouygues pour des négociations exclusives pour son offre "plus pertinente pour les actionnaires et les salariés du groupe", qui offrait "la meilleure sécurité d’exécution" et répondait "le mieux à l’objectif de Vivendi de devenir rapidement un acteur européen majeur des médias et des contenus et de renforcer SFR comme un acteur dynamique du très haut débit fixe et mobile".