L'équipementier automobile américain Molex a annoncé mercredi la fermeture de son usine de Villemur-sur-Tarn, près de Toulouse, après qu'un dirigeant américain a été bousculé mardi soir par des salariés à la sortie de l'usine.
Dans un communiqué publié aux Etats-Unis, le directeur général de Molex, Martin Slark, s'est dit également "très préoccupé par le total manque de soutien des autorités chargées du maintien de l'ordre".
La décision de fermeture a été prise "pour garantir la sécurité des employés et des vigiles de l'usine après qu'un salarié et deux gardes eurent été blessés dans un incident violent sur le site", a indiqué le groupe.
Cette version des faits est contredite par les représentants syndicaux présents sur les lieux de l'incident.
Selon le cadre agressé, Eric Doesburg, cité dans le texte, "la police locale et nationale n'a pas répondu à des appels à l'aide répétés".
"Nous sommes indignés à la fois par l'attitude des individus impliqués dans les violences et par l'absence de réponse de la police que nous avions appelée à l'aide", a-t-il ajouté.
Eric Doesburg, qui marche avec une canne à la suite d'une opération s'est dit "choqué" et a porté plainte pour "violences". Il s'ést vu prescrire un arrêt maladie de sept jours, selon le groupe.
Plus tôt dans la journée, la direction de Molex avait assigné en référé quatre salariés de Molex, convoqués jeudi à 10h00 au tribunal de grande instance de Toulouse, qui se prononcera sur le blocage de l'usine.
En grève depuis le 7 juillet, les salariés de Molex avaient été informés mardi de l'arrêt des discussions entre la direction et un hypothétique repreneur de l'usine (283 emplois), en Haute-Garonne, qui doit fermer fin octobre.
"Une quarantaine de personnes alcoolisées ont agressé verbalement puis physiquement Eric Doesburg", directeur du développement de Molex USA, "lors de sa sortie de l'usine vers 21H30" mardi, a affirmé le co-gérant de l'usine de connectique automobile, Marcus Kerriou, ajoutant que M. Doesburg avait reçu "des coups de poing et de pied".
Cette version des faits est contredite par les syndicalistes présents sur les lieux de l'incident.
"Je suis formel, M. Doesburg n'a reçu aucun coup, simplement des oeufs", a indiqué un représentant CGT, Guy Pavan, qui reconnaît cependant que "ça s'est échauffé un peu avec les gardes du corps".
"J'ai appelé le ministère pour lui relater les faits, j'ai dit que personne ne s'est approché et que je m'étais personnellement interposé", a ajouté le secrétaire du CE Denis Parise, entendu mercredi matin par les gendarmes.
Le procureur Michel Valet invite à rester prudent sur le déroulement des faits. "La journée a été tendue (mardi), il y a beaucoup de passion qui entoure (cette affaire). Attendons la fin de l'enquête" des gendarmes, a-t-il dit dans un souci d'apaisement.
Les salariés empêchent les camions d'entrer ou de sortir, "car on ne veut pas qu'il enlèvent l'outil de travail et le stock", explique M. Parise.
En avril, Marcus Kerriou et la DRH de Molex, Coline Colboc, avaient été retenus contre leur gré pendant 24 heures.
Selon le représentant du CE de Molex, "la véritable agression est celle dont vont être victimes quelque 300 familles à partir d'octobre", lors de la fermeture prévue de l'usine, injustifiée delon eux.
Le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, a condamné dans un communiqué "ces actes de violence exercés par une minorité qui desservent la cause des salariés et rendent encore plus difficiles les négociations".
M. Estrosi, qui devait rencontrer mercredi après-midi Eric Doesburg, a précisé qu'il "le recevra dans quelques jours" et qu'il allait "s'entretenir téléphoniquement dans la journée avec le président du Groupe Molex, Martin Slark".