La décision de l'équipementier automobile Molex de fermer provisoirement son usine de Villemur-sur-Tarn, près de Toulouse, après un incident entre salariés et un dirigeant américain, a suscité jeudi la colère du personnel, dont le licenciement est prévu fin octobre.
"Ca commence à se corser. S'ils cherchent l'épreuve de force, ils vont l'avoir", a averti le secrétaire du comité d'entreprise, Denis Parise (CGT), devant les portes closes de l'usine avec une cinquantaine de salariés venus manifester leur colère.
Les salariés en grève ont voté dans l'après-midi la reprise du travail mais ont été empêchés d'entrer dans l'usine par des vigiles de la direction.
La direction de Molex a demandé au juge des référés du TGI de Toulouse, devant lequel comparaissait Denis Parise et trois autres salariés, "d'autoriser la fermeture (de l'usine) par mesure de sécurité". La décision sera rendue mardi à 09H00.
L'usine était bloquée par les salariés depuis le 7 juillet et la production était paralysée. La décision de la fermer a été prise mercredi soir, "après qu'un salarié et deux gardes eurent été blessés (mardi) dans un incident violent sur le site", selon un communiqué de Molex.
Selon la version des salariés, le directeur du développement Eric Doesburg, qui marchait avec une canne du fait d'une opération au genou, a été bousculé mardi soir et des oeufs ont été lancés sur lui et ses gardes du corps. Un médecin lui a prescrit une ITT de 7 jours.
La préfecture de la Haute-Garonne a rejeté les accusations d'un représentant de Molex mettant en cause le "manque de soutien" des forces de l'ordre locales lors des incidents de mardi soir.
Le personnel de Villemur (283 emplois) venait d'apprendre la rupture des discussions de Molex avec un repreneur potentiel.
"L'usine n'est pas viable. La fermeture reste programmée pour fin octobre", a répété Marcus Kerriou, ex-cogérant de l'usine qui a présenté jeudi sa démission, la direction de Molex aux USA ayant décidé de reprendre le "management direct" de l'usine de Villemur.
"Les collègues aux USA prennent les rênes (...) La direction est extrêmement mécontente quant à la situation (à Villemur), même si ce n'est pas dû à notre travail", a ajouté Marcus Kerriou pour lequel le vote de la reprise du travail jeudi après-midi par les salariés réunis en AG "ne change rien, le site reste fermé et sécurisé".
Dans un communiqué, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi "appelle l'ensemble des parties à surmonter l'épisode de mardi soir qui ne doit en aucune façon apparaître comme un prétexte à la rupture des discussions".
M. Estrosi a convenu d'un rendez-vous le 25 août au ministère de l'Industrie avec le vice-président du groupe Molex, Martin Slark, et a réitéré "sa ferme condamnation de toute forme de violence, tout en rappelant que la nature exacte et la portée des incidents devront être éclaircies par l'enquête en cours".
Les présidents PS du conseil régional Midi-Pyrénées, Martin Malvy, et du conseil général de Haute-Garonne, Pierre Izard, ont demandé jeudi à être reçus par le président Sarkozy pour discuter de la situation de Molex.
"Ca va aller au carton si on continue comme ça. Estrosi était sur la ligne de deux repreneurs et la direction de Molex a dit qu'elle n'en voulait aucun", a indiqué le maire de Villemur, Jean-Claude Boudet (DVG).