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MyFerryLink, la Scop des ex-SeaFrance, un an de croissance

Publié le 18/08/2013 10:00

Un an après le lancement de la compagnie MyFerryLink à Calais, salariés et dirigeants de la Scop des ex-SeaFrance, qui souffle mardi sa première bougie, s'enorgueillissent d'une réussite croissante, malgré la menace d'un arrêt brutal brandie par les autorités britanniques de la concurrence.

La Scop, la société coopérative à laquelle participent les salariés, a grappillé en un an 10% de parts de marché sur le fret depuis la première traversée le 20 août 2012 du "Berlioz", l'un des trois navires rachetés par Eurotunnel après la liquidation de SeaFrance et loués à MyFerryLink.

Pour le transport de passagers, les parts de marché se montent à 8%. "La régularité, les prix de marché et une qualité de service, c'est cela qui fait aujourd'hui la crédibilité de la société", estime Raphaël Doutrebente, directeur général adjoint.

Pourtant, la voie n'était pas toute tracée. Dans une année déjà largement entamée, "il a fallu aller voir les clients pour leur dire: +Nous sommes une nouvelle compagnie, nous sommes crédibles+", ajoute M. Doutrebente. Les clients étaient selon lui échaudés par l'expérience SeaFrance, "arrêtée du jour au lendemain".

Les salariés aussi affichent une certaine fierté.

"C'est un très grand succès pour les employés de la Scop SeaFrance. Quand on voit la manière dont ils ont été traités trois ans auparavant, comme des voyous, comme des voleurs. En créant une Scop tous ensemble, on a pu prouver nos valeurs", tonne Eric Vercoutre, secrétaire du comité d'entreprise et du syndicat Maritime Nord, qui avait porté le projet de coopérative.

Aujourd'hui, la quasi totalité des effectifs de MyFerry Link -- 570 personnes, dont 500 et France et 70 en Grande-Bretagne selon la direction -- sont d'anciens salariés de SeaFrance.

Pour lancer la Scop, les salariés, qui donnent 2% de leur salaire brut chaque mois, ont concédé des sacrifices, notamment une réorganisation du temps de travail.

Des projets de développement

"Je pense que notre image est en train de changer", avance M. Vercoutre, soulignant les gains de productivité.

Ces centaines d'emplois comptent dans l'arrondissement de Calais, l'un des plus touchés par le chômage en France. "La société SeaFrance était le premier employeur privé du Calaisis, avec plus de 1.500 personnes. On a tendance à l'oublier", souligne Yann Capet, député PS et en charge de la Mer à la région Nord/Pas-de-Calais.

Alors l'annonce le 6 juin de la commission de la concurrence britannique a forcément gâché la fête. Elle exige l'arrêt des rotations des navires de MyFerryLink, arguant d'un problème de concurrence avec Eurotunnel, maison-mère, qui pourrait selon la commission s'emparer de "plus de la moitié" des liaisons transmanche et faire monter les prix.

Elle exige par ailleurs la vente des navires de MyFerryLink, sans quoi la flotte serait interdite d'accoster à Douvres.

La décision en a outré plus d'un à MyFerryLink, mais la direction, qui a fait appel, reste confiante. La compagnie de ferries est une entité déjà commercialement distincte d'Eurotunnel, et l'interdiction de vente des navires était une condition du tribunal de commerce de Paris lors du règlement de la liquidation de SeaFrance.

"Il y a une contradiction manifeste", ne peut que constater Yann Capet. Ce qui pousse à croire que la solution sera à trouver au niveau politique. Le ministre des Transports Frédéric Cuvillier est d'ailleurs venu début août apporter le soutien du gouvernement à la Scop.

"Tout le monde s'investit à fond dans la Scop, et on espère un heureux dénouement à la situation politique actuelle", confiait lors de cette visite l'un des employés à bord.

"Ce qui nous arrive est une chose difficile mais cela ne nous empêche pas d'avancer", assure Raphaël Doutrebente. "Les salariés ont une grande motivation, tout le monde se bat à son poste".

La direction a d'ailleurs postulé pour l'appel d'offres sur la liaison Dieppe-New Haven, l'un des projets de développement de la société.

"Aujourd'hui, notre préoccupation, c'est de passer une saison pleine, et de savoir qu'on est capable de le faire et de gagner de l'argent", soutient de son côté Eric Vercoutre.

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