Le président français Nicolas Sarkozy a appelé jeudi à une diversification du système monétaire international car à "un monde multipolaire politiquement doit correspondre un monde multimonétaire économiquement".
"On ne peut pas rester avec une seule monnaie", a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse à L'Aquila, dans le centre de l'Italie, où se tient le sommet des huit pays les plus industrialisés (G8).
Le président français a assuré en avoir parlé avec le directeur général du Fonds monétaire international, le Français Dominique Strauss-Kahn, également présent à L'Aquila.
"Nous sommes sur le système de Bretton Woods de 1945", qui a fixé les nouvelles règles financières et monétaires après la Seconde Guerre mondiale, "franchement, soixante ans après, on doit se poser la question: est-ce qu'un monde multipolaire politiquement ne doit pas correspondre à un monde multimonétaire économiquement?", a-t-il demandé.
"L'une des questions de la stabilité de la situation économique passe aussi par ça", a-t-il ajouté, faisant état de nombreuses propositions, notamment du FMI et de la Chine.
A la faveur de la crise, la Chine, qui s'est interrogée publiquement sur la sécurité de ses actifs financiers en dollars, a appelé à l'adoption d'une nouvelle monnaie de réserve internationale pour remplacer le billet vert, dans un système placé sous les auspices du Fonds monétaire international (FMI).
"Il ne m'appartient pas de trancher" entre ces différentes propositions "mais il faut qu'il y ait un débat", a dit le président français.
Nicolas Sarkozy, soutenu par le Brésil, a également réclamé une évolution du G8 et l'institutionnalisation, "le plus vite possible", du G14, qui regroupe, outre les huit pays les plus riches de la planète, les grandes puissances émergentes (Mexique, Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud, Egypte).
"Clairement, la représentativité du G8 n'est pas suffisante" pour répondre aux grands défis, a-t-il estimé.
"Je ne vois pas comment on peut convaincre un pays d'un milliard d'habitants comme l'Inde de prendre sa part à la lutte contre le changement climatique si on l'invite seulement à la fin d'un sommet pour payer l'addition", a-t-il fait valoir.
Interrogé par ailleurs sur l'hypothèse d'une attaque d'Israël contre l'Iran pour empêcher ce pays de se doter de l'arme nucléaire, M. Sarkozy a estimé que ce "serait une catastrophe absolue".
"Israël doit savoir qu'il n'est pas seul et regarder tout ceci avec calme (...) Et si je me suis tellement battu au nom de la France pour qu'on parle de l'Iran et que les choses soient précises, c'est aussi pour envoyer un message aux Israéliens: +vous n'êtes pas seuls+", a-t-il déclaré.
Sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, M. Sarkozy a répété que si les Iraniens ne voulaient pas discuter de cette question, "il y aura des sanctions".
Mercredi, les grandes puissances se sont donné deux mois pour décider de la conduite à tenir vis-à-vis de l'Iran, délai qu'elles pourront employer pour y voir plus clair dans une situation politique iranienne confuse et tâcher de savoir si elles peuvent enfin s'entendre.
M. Sarkozy a enfin réclamé à nouveau que la Française Florence Cassez, emprisonnée au Mexique, "effectue sa peine de prison en France", indiquant qu'il en avait discuté avec le président du Mexique Felipe Calderon, en marge du sommet.
Florence Cassez, 34 ans, arrêtée en décembre 2005, a été condamnée à 60 ans de prison pour son implication supposée dans des enlèvements. Elle ne cesse de clamer son innocence.