Le Brésil a célébré avec fierté mardi sa nouvelle place de 6e économie mondiale, un cadeau d'anniversaire pour la présidente Dilma Rousseff qui fête dimanche sa première année au pouvoir, mais le géant sud-américain a d'énormes défis à surmonter pour atteindre les standards européens.
"D'un point de vue psychologique, c'est une victoire de fin d'année fantastique, extraordinaire", a dit à l'AFP Ricardo Teixeira, professeur à la prestigieuse Fondation Getulio Vargas, à Rio. "Mais le Brésil n'y est pas arrivé tout seul: la conjoncture mondiale et principalement européenne ont également eu une influence", a-t-il ajouté.
Les principaux journaux brésiliens ont salué en une la nouvelle annonçant que le PIB du Brésil (2.510 milliards de dollars) avait dépassé celui de la Grande-Bretagne et s'était hissé à la 6e place derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne et la France, selon l'institut de recherche CEBR, basé à Londres.
Toutefois, le Produit intérieur brut (PIB) per capita et le niveau de vie des Brésiliens sont encore très loin de ceux des Européens et Américains, selon le gouvernement et les experts.
Le PIB par habitant n'est que de 12.900 dollars contre 44.400 dollars en France et 48.100 dollars aux Etats-Unis, selon le Fonds monétaire international.
Selon une simulation réalisée par l'agence de notation brésilienne Austin Rating, le niveau de vie des Brésiliens n'égalera celui des Britanniques qu'en 2028.
La première économie d'Amérique latine doit éliminer l'analphabétisme, améliorer la santé publique et l'éducation et éradiquer la pauvreté extrême qui touche 16 des 190 millions de Brésiliens.
"Il y a encore énormément de choses à faire. Vingt, 30 ans seront nécessaires pour réduire les différences sociales au Brésil", a dit à l'AFP l'économiste chef d'Austin Rating, Alex Agostini.
L'élimination de la misère est un des grands défis de la présidente Dilma Rousseff qui a promis de ne pas s'accorder de repos tant qu'elle n'y sera pas parvenue.
Première femme présidente du Brésil, Dilma Rousseff, 64 ans, a succédé le 1er janvier au très charismatique Luiz Inacio Lula da Silva. Cette ex-guérilléra sous la dictature militaire (1964-1985), classée troisième femme la plus influente au monde par la revue Forbes, a fait de la poursuite de la croissance économique de l'ère Lula l'axe de sa politique.
L'économie brésilienne a connu une croissance de 7,5% en 2010 mais de seulement 3% cette année. Mme Rousseff a toutefois assuré que 2012 sera une année "prospère" pour les Brésiliens, "meilleure qu'en 2011".
Grâce aux bonnes performances de l'économie, la présidente a terminé l'année avec un taux record de 72% de popularité et a réussi à imposer son propre style de gouvernement, plus gestionnaire et moins politique que Lula, son parrain politique.
"Son style plus dur, de gestionnaire, donnant l'image d'une dame de fer qui s'oppose à la corruption, plaît à la classe moyenne traditionnelle", a dit à l'AFP Ricardo Ribeiro, analyste du consultant MCM.
Au cours des six derniers mois, Dilma Rousseff a mis à la porte six ministres accusés de corruption, dont celui des Sports, directement lié à l'organisation de la Coupe du monde de football en 2014 et des jeux Olympiques de 2016.
Elle a surmonté cette crise politique avec l'image d'une présidente moins tolérante envers la corruption que ses prédécesseurs. C'est un des facteurs de sa popularité, même si le principal est "la satisfaction des Brésiliens concernant l'économie", a expliqué Renato Fonseca, directeur de l'institut de sondages Ibope.