EDF, qui a lancé le 2 mars la troisième inspection décennale de sa centrale nucléaire du Blayais (Gironde), en fonctionnement depuis 31 ans, souhaite pouvoir l'exploiter au-delà de 40 ans, voire plus si sa sûreté le permet, a déclaré mardi son directeur.
"On a déjà fait la démonstration de la capacité technique des centrales à fonctionner 40 ans (...) et EDF a fait part de son projet (de les faire) fonctionner 60 ans", a expliqué le directeur Etienne Dutheil lors d'une rencontre avec la presse, à l'occasion du lancement de l'inspection décennale ou "visite décennale" de son réacteur N°1.
Ces inspections, visant à vérifier le bon état des installations, sont imposées par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), chargée de donner son feu vert à la poursuite de l'exploitation une fois la visite terminée.
La centrale du Blayais, employant quelque 1.900 personnes (1.300 agents EDF et quelque 600 intervenants extérieurs), est l'une des trois plus anciennes de France, avec Fessenheim (Haut-Rhin) et Tricastin (Drôme).
Située à quelque 50 km au nord de Bordeaux, en bordure de l'estuaire de la Gironde, elle fourni 120% de la consommation annuelle d'électricité en Aquitaine, desservant aussi, notamment, l'Espagne.
Une fois l'inspection terminée, l'ASN pourra lui délivrer une autorisation de fonctionnement de dix ans ou inférieure, et assortir cette autorisation de demandes de modifications sur le site.
L'association Tchernoblaye, opposée à l'énergie nucléaire, a dénoncé mardi les visées d'EDF, estimant que l'opérateur "tente dans sa communication de faire croire qu'il s'agit de voir si la centrale peut fonctionner au-delà de 40 ans, alors qu'il s'agit en fait (de savoir si elle peut) aller ou non au-delà des 30 ans".
"C'est une chance inouïe qu'une catastrophe nucléaire ne se soit pas produite au Blayais, il faut donc en profiter pour fermer cette centrale", affirme l'association, en évoquant l'inondation les 27 et 28 décembre 1999 d'une partie de la centrale sous l'effet conjugué d'une tempête et d'une forte houle, ayant entraîné une alerte de niveau 2 sur 7.
Un an après la catastrophe de Fukushima au Japon, le directeur promet pour sa part que la "centrale est sûre": "ce n'est pas une sûreté autoproclamée, mais vérifiée par l'ASN", dit-il.
Stéphane Lhomme, président de Tchernoblaye, estime que la castastrophe a prouvé qu'il était possible de "sortir du nucléaire" rapidement, alors que seuls deux des 54 réacteurs nucléaires japonais sont actuellement en service.
L'inspection du réacteur N°1, le plus ancien de la centrale, entraîne son arrêt pour trois mois et l'intervention de 3.000 personnes pour des travaux de maintenance et de sûreté, notamment l'inspection de la cuve. Pour cela, EDF investira 56 millions d'euros.