Wall Street aborde les prochains jours dans l'incertitude, espérant que les prochains résultats d'entreprises américaines, jusque-là encourageants, l'aideront à garder le cap face aux vents contraires en provenance de la zone euro, de la Chine et de son économie vacillante.
Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice des 30 valeurs vedettes de Wall Street, a grignoté 0,36%, terminant vendredi à 12.822,57 points.
Le Nasdaq, à dominante technologique, a avancé de 0,58% à 2.925,30 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 a grappillé 0,43%, pour finir à 1.362,66 points.
Si les indicateurs économiques ont apporté des signaux mitigés aux courtiers, qui peinaient à entrevoir une amélioration de l'économie américaine, entravée par la stagnation de l'emploi et une reprise chaotique de la consommation, le marché a su trouver du soutien cette semaine auprès de résultats trimestriels jugés satisfaisants.
"Jusque-là tout va bien, la saison des résultats a pour l'instant démontré que l'Europe n'avait pas eu l'effet (sur les performances des entreprises américaines) qu'ont redouté les plus pessimistes", estime Lee Muson, directeur des stratégies d'investissement chez Portfolio LLC.
"Si cela avait été le cas, leurs publications auraient été épouvantables", pointe-t-il.
En effet, en dépit des craintes croissantes de ralentissement de l'économie mondiale, de "très, très bons résultats de compagnies, comme eBay et IBM, (...) ont montré qu'il est encore possible d'accroître profitabilité et croissance", remarque Gregori Volokhine, président de Meeschaert New York.
"On remarque un certain tassement (de l'économie), la croissance patine un peu, mais nous ne sommes pas au bord du précipice", résume Pat Dorsey, de Sanibel Captiva Trust Company.
Dans cet environnement incertain, l'un des secteurs les plus porteurs actuellement, remarquent les analystes, est précisément celui qui avait précipité les Etats-Unis, et le monde avec eux, dans une très grave crise financière en 2008.
"L'activité de construction progresse rapidement, les ventes de logements rebondissent après avoir touché des plus bas, le niveau d'inventaire (des logements inoccupés) est en forte baisse, et les prix de l'immobilier repartent enfin après une longue descente aux enfers", résument les analystes de Deutsche Bank.
Pour Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors, la semaine, qui s'annonce chargée en résultats d'entreprises majeures, avec les publications d'Apple mardi, de Ford, PepsiCo, de Boeing et de Caterpillar mercredi, et de Facebook et Amazon jeudi, sera "une semaine excitante" pour les opérateurs.
"Mais ce sera aussi une semaine sans grande tendance et volatile, à cause des craintes persistantes pour l'Europe, la Chine et l'économie américaine", précise-t-il.
La crise de la dette en zone euro, en particulier, concentre l'essentiel des inquiétudes. "C'est toujours la même histoire. Les taux espagnols sont repartis en flèche et il n'y a aucune confiance sur le marché sur la capacité de l'Espagne à juguler la crise", conclut le stratège.
Pour autant, nuance Lee Mason, ce vent contraire ne peut devenir une excuse pour les entreprises lorsqu'elles présentent des résultats décevants, à l'instar de la banque Morgan Stanley cette semaine.
"Les estimations des entreprises devraient déjà avoir pris en compte cet environnement de type récession", affirme-t-il.
Du côté des indicateurs, Wall Street regardera attentivement les chiffres des ventes de logements neufs mercredi et les commandes de biens durables jeudi. "Mais le marché s'intéressera avant tout à la première estimation du PIB américain au deuxième trimestre" vendredi, fait valoir M. Johnson. "Même si les estimations tournent autour de 1,5%, beaucoup d'incertitude règne autour de ce chiffre".