Le groupe américain General Motors semble avoir scellé le sort de l'usine d'Opel à Anvers en Belgique, selon des détails d'un plan de restructuration révélés mercredi qui prévoit également plus de 5.000 suppressions d'emplois en Allemagne.
L'avenir de l'usine à Anvers est "incertain", a déclaré mercredi le président par intérim des activités européennes de General Motors, Nick Reilly, annonçant la création d'un groupe de travail chargé de trouver des options pour le site.
Plus tôt, il a en revanche annoncé le maintien des quatre sites allemands, qui emploient environ la moitié des 50.000 salariés d'Opel et de la marque britannique Vauxhall en Europe, satisfaisant une revendication de longue date de Berlin.
Mais la facture sociale sera également lourde en Allemagne, puisque "50 à 60%" des 9.000 suppressions d'emplois envisagées par GM seront supportées par le pays, soit autour de 5.000.
"Globalement, nous allons réduire nos capacités d'environ 20%", a précisé le Britannique après avoir discuté avec des représentants des salariés à Rüsselsheim (ouest), siège d'Opel.
"Nous avons un plan, mais aucune décision définitive n'a été prise car nous entrons maintenant dans une phase d'échange d'information et de consultation", a-t-il toutefois indiqué.
GM espère essentiellement que les pays abritant des sites Opel vont contribuer à financer son plan, dont le coût a été évalué par le groupe à 3,3 milliards d'euros.
"Il a été convenu si j'ai bien compris que le gouvernement fédéral allemand et les quatre Etats régionaux (abritant des sites) vont considérer ensemble notre demande de fonds" public, a-t-il déclaré.
M. Reilly a réaffirmé son objectif de boucler définitivement le plan d'ici la mi-décembre. "Nous devons sortir de la phase (de consultation) aussi rapidement que possible, car les incertitudes (...) ne font de bien à personne", a-t-il dit.
Pour le président du comité d'entreprise, Klaus Franz, le plan de GM est tout bonnement "inacceptable". Selon les détails en sa possession, 7.200 postes seront supprimés en Allemagne et en Belgique, sur un total de 8.680 réductions de postes.
Selon lui, aucune coupe n'aura lieu à Ellesmere (Grande-Bretagne) et Gleitwitz (Pologne). L'usine de Luton (GB) perdra 354 salariés, celle de Saragosse en Espagne environ 900.
"Nous allons nous adresser directement au gouvernement (allemand) pour qu'il nous soutienne" dans nos négociations avec GM, a indiqué M. Franz lors d'un point presse.
Début novembre, le groupe de Detroit avait finalement décidé de conserver ses marques européennes Opel et britannique Vauxhall, après avoir dans un premier temps choisi le canadien Magna, adossé à la banque russe Sberbank, comme repreneur.
Le revirement a provoqué l'ire du gouvernement de Berlin, qui avait soutenu l'offre de Magna et lui avait promis, en pleine campagne pour les élections législatives de septembre, une aide de 4,5 milliards d'euros pour mener à bien sa restructuration d'Opel. Magna s'était aussi engagé à garder tous les sites allemands.
La chancelière allemande Angela Merkel s'est jusqu'à présent montrée nettement moins disposée à soutenir financièrement GM.
L'américain s'était de son côté efforcé d'arrondir les angles ces derniers jours, remboursant notamment la totalité du crédit relais de 1,5 milliard avancé par l'Allemagne pour permettre à Opel de survivre.
Lundi, les pays européens où sont implantés Opel et Vauxhall (Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Espagne et Pologne) s'étaient promis de ne plus négocier individuellement des aides publiques à GM dans le cadre des restructurations et de fournir une réponse coordonnée la semaine prochaine.