Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui a décidé mercredi de laisser inchangé son plafond de production, ont échoué à s'entendre sur la nomination d'un nouveau secrétaire général et ont reconduit le Libyen Abdallah El-Badri pour un an.
"Nous allons maintenir" le plafond de production actuel, fixé à 30 millions de baril par jour (mb/j) pour l'ensemble des 12 Etats membres, "rien ne change à la situation actuelle", a indiqué le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi à l'issue de la 162e réunion ministérielle du cartel à Vienne, son siège.
Ce plafond, adopté en décembre 2011 et reconduit en juin sans impartir de quotas individuels par pays, est cependant largement dépassé par la production réelle, puisque les 12 Etats membres pompaient en novembre 31,22 mb/j de brut au total, selon des chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Et ce en dépit de l'effondrement de la production iranienne (-25% en un an), pénalisée par les sanctions internationales, l'Arabie saoudite ayant gonflé son offre pour compenser et l'Irak continuant de gonfler sa production à mesure de l'essor du secteur pétrolier du pays.
"Le marché est suffisamment approvisionné (...) nous produisons ce dont le marché a besoin", s'était cependant justifié avant la rencontre le ministre émirati de l'Energie Mohamed ben Daen al-Hamili, se disant "satisfait" des prix actuels du baril, stabilisés depuis deux mois autour de 110 dollars à Londres.
Si le statu quo sur le plafond de production était largement attendu, les membres de l'Opep ont cependant prévenu dans le communiqué final de la réunion qu'ils "se tiendraient prêts à réagir rapidement à tout développement ayant un impact négatif sur le marché du pétrole".
"La demande pour le brut de l'Opep devrait se contracter à 29,7 mb/j en 2013", a ajouté le communiqué, relevant "le pessimisme croissant à propos de la conjoncture économique mondiale", dont la dégradation pourrait plomber une demande énergétique déjà fragile.
"Les pays de l'Opep, y compris l'Irak, ne devraient pas produire plus de 30 mbj", a insisté le secrétaire général M. El-Badri, assurant que, même en l'absence de quotas individuels actualisés, "chaque pays connaît la part de production" qui lui est imparti.
Dans ce contexte, "il se peut que nous réduisions notre production au cours des prochains mois", a-t-il ajouté.
Les discussions sur la désignation d'un successeur à Abdallah El-Badri, secrétaire général depuis 2007 et dont le mandat prend fin décembre, se sont en revanche avérées bien plus ardues. Faute d'accord, le Libyen a finalement été maintenu à son poste pour une année supplémentaire.
Le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi a indiqué qu'il n'était "pas déçu", qualifiant M. El-Badri de "très expérimenté". Il s'agit d'une "très très bonne décision", a-t-il affirmé.
Déjà laissée en suspens en juin, la nomination d'un nouveau secrétaire général devrait donc être désormais examinée le 31 mai, lors de la prochaine réunion du cartel.
Trois candidats se disputent ce poste essentiellement honorifique: l'Arabie saoudite a ainsi présenté son ancien gouverneur à l'Opep, Majid al-Moneef, tandis que l'Irak et l'Iran ont proposé d'anciens ministres, Thamir Ghadhban et Gholam Hossein Nozari, mais aucun d'entre eux n'a été à même de faire consensus.
Désigné pour un mandat de trois ans renouvelable une fois, le secrétaire général de l'Opep a principalement une fonction de représentation, mais est aussi chargé de favoriser les rapprochements entre les vues, souvent divergentes, des Etats.
"Reconduire El-Badri était la décision la plus pragmatique sur laquelle ils pouvaient s'entendre", a indiqué à l'AFP Karin Kneissl, analyste indépendante experte des marchés énergétiques, notant que "ce n'est pas la première fois de voir l'Opep dans l'impasse en raison de la rivalité entre des candidats saoudien et iranien".