Le père Noël sera au régime minceur cet hiver: les consommateurs européens, touchés au porte-monnaie dans plusieurs pays par la rigueur, choisiront des cadeaux moins nombreux, moins chers et plus utiles, et traqueront davantage les bonnes affaires sur internet.
Les Européens devraient réduire encore cette année de 2,5% en moyenne à 590 euros leurs dépenses pour les cadeaux de Noël, les sorties et les repas des fêtes.
Cette étude sur les intentions d'achat a été réalisée par le cabinet Deloitte dans 19 pays auprès d'un échantillon de 20.655 consommateurs, interrogés lors des deux dernières semaines de septembre, avant l'essentiel des mouvements sociaux en France contre la réforme des retraites.
Les Français affichent le plus leur pessimisme, en l'absence du rebond économique espéré: près de deux-tiers (62%) pensent toujours que leur pays est en récession, et pour la première fois ils perdent confiance dans la sécurité de leur emploi.
"On pourrait être tenté face à la magie de Noël d'oublier un quotidien qui n'est pas toujours au beau fixe", indique Antoine de Riedmatten, associé responsable du secteur de la distribution chez Deloitte. "Mais non, les Français sont raisonnables avec un budget sous contraintes, qu'on chiffre à 605 euros", en baisse de 4% en un an.
Les postes cadeaux (-4,9%) et sorties (-6,9%) en pâtiront notamment, mais ils tenteront de préserver les repas de fêtes (-2,2%).
Les populations touchées par des plans de rigueur se serreront le plus la ceinture, comme les Grecs (-21%), dont les dépenses tomberont à 410 euros et les Irlandais (-10,6%), qui malgré des arbitrages consacreront encore 1.020 euros aux fêtes. Les Luxembourgeois seront les plus dépensiers avec 1.200 euros (+2,4%). Les dépenses augmenteront aussi en Suisse (+1,2%) ou encore en Allemagne (+0,4%).
La maîtrise du budget est devenue une inquiétude générale, indépendamment de l'âge, de l'éducation et de la richesse.
Les Européens souhaitent à 94% dépenser "utile": ils prévoient donc à 81% d'acheter des cadeaux pour moins de personnes, à 77% de chercher des cadeaux moins chers, et à 84% de privilégier les promotions.
Les Français seront aussi "raisonnables" pour les fêtes, avec un fort recours aux marques de distributeurs. Ils compareront les prix sur internet (54%), pour certains achèteront des cadeaux d'occasion, tandis que 22% utiliseront les points de fidélité accumulés chez les distributeurs pour payer leurs achats de fin d'année.
Les cartes cadeaux sont le cadeau dont les adultes rêvent le plus, mais elles n'arrivent qu'en quatrième position des présents prévus. Elles permettent de rassembler les enveloppes offertes par plusieurs personnes de s'acheter ce qu'on souhaite, de surcroît pendant les soldes avec un pouvoir d'achat accru, explique M. de Riedmatten.
Les cadeaux les plus offerts devraient être les cosmétiques et le chocolat: "cela ne fait pas rêver mais vous limitez votre risque de tomber complètement à côté", observe-t-il.
Pour les enfants, 49% des parents veulent offrir des cadeaux éducatifs afin de "préparer leurs enfants à affronter un (avenir) plus difficile".
A noter que plus de 20% des cadeaux devraient être revendus en France après les fêtes.
Internet poursuit sa montée en puissance: 28% des Français y feront leurs emplettes et y acheteront plus de 42% de leurs cadeaux.
Les hypermarchés devraient rester le premier endroit où les Français feront leur courses (32%), mais internet (13%) fera pratiquement jeu égal avec les magasins spécialisés (14%), permettant notamment d'éviter les magasins bondés .