Philippe Wahl, actuel patron de la Banque postale, prendra à la rentrée la présidence du groupe La Poste, en pleine refonte stratégique pour pallier la chute des volumes de courrier, via ses activités bénéficiaires comme le colis et la banque.
Jeudi matin, le conseil d'administration de l'entreprise publique a élu M. Wahl, 57 ans, comme "simple" administrateur, puis a voté à bulletin secret pour proposer au président de la République sa nomination en tant que président du CA - soit patron du groupe.
"Conformément à la loi, Philippe Wahl devra être auditionné par les commissions compétentes de l’Assemblée Nationale et du Sénat. A l’issue de ces auditions, la nomination du PDG du groupe La Poste fera l’objet d’un décret en Conseil des ministres", a précisé la direction dans un communiqué.
Jean-Paul Bailly, 66 ans, continuera d’assumer toutes ses fonctions jusqu’à la fin du processus de nomination de son successeur, ajoute La Poste, soit a priori en septembre.
Dans un communiqué, les ministres de l’Économie Pierre Moscovici et du Redressement productif Arnaud Montebourg se sont félicités de cette désignation, effectuée à l'issue d'un "processus de sélection innovant, ouvert et exemplaire".
Ces derniers jours, Philippe Wahl et Bruno Mettling, actuel DRH du groupe Orange, étaient donnés comme les deux derniers candidats en lice pour le poste.
Jean-Paul Bailly a annoncé début juillet sa décision de ne pas aller au terme de son mandat, après une décennie passée à la tête du groupe. Son départ intervient alors que l'entreprise publique va mettre en œuvre un nouveau plan stratégique sur 2013-2018, entièrement repensé, pour faire face à la crise et éviter une "impasse" liée à la chute des volumes de courrier.
Cette tendance a continué de peser sur les comptes de l'entreprise au premier semestre, avec une baisse de 6% du volume d'activité, en partie compensée seulement par la hausse du prix des timbres au 1er janvier.
un PDG banquier, "drôle d'image pour La Poste"
Pour les six premiers mois de l'année, le groupe a au total dégagé un bénéfice net en recul de 8,5% sur un an, à 396 millions d'euros, tiré par le colis et les activités bancaires.
un PDG banquier, "drôle d'image pour La Poste"
La désignation de Philippe Wahl pour prendre la présidence de La Poste illustre la part grandissante que prend la Banque postale au sein du groupe, et son importance stratégique pour son équilibre financier.
"Notre inquiétude, c'est que Philippe Wahl est un banquier avant tout et c'est une drôle d'image pour La Poste", a commenté à l'AFP Régis Blanchot, administrateur SUD-PTT, deuxième syndicat du groupe.
Il estime que "la nomination du nouveau PDG doit être l'occasion pour l'Etat de reprendre la main et redéfinir ce que doit être La Poste en tant qu'entreprise de service public, ainsi que ses axes de développement".
La CGT, premier syndicat, indique pour sa part avoir "interpellé" Philippe Wahl "pour l'ouverture immédiate de négociations: la situation économique et financière est dégradée, la situation sociale et sanitaire est alarmante et le dialogue social est inexistant. Le personnel attend des réponses immédiates en terme d'emplois, de pouvoir d'achat et d'améliorations des conditions de travail", souligne l'administrateur Bernard Dupin.
Du côté de la CFDT, on attend aussi que le nouveau président "desserre la pression sur les effectifs" et "mette les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs très ambitieux fixés par le nouveau plan stratégique", dont la réalisation pourrait "mettre une pression considérable" sur les salariés, selon Alain Barrault, secrétaire national de la Fédération.
Dans un communiqué, la fédération FO indique pour sa part qu'elle "jugera l'action du successeur de Jean-Paul Bailly par rapport à ses résultats et à sa capacité à redonner confiance aux postiers", et souligne que "l'emploi et l'amélioration des conditions de travail devront être au cœur des préoccupations du nouveau président".