Les deux principaux syndicats patronaux de la restauration se déchirent sur la façon de gérer la réduction de la TVA dans le secteur, fortement mise en cause en raison de son coût pour des résultats jugés pour l'instant décevants.
Le bras de fer se poursuivait mercredi à la tête de l'Umih (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), principal syndicat des restaurateurs, où en plein congrès annuel, deux responsables --l'ancien président, André Daguin, et celle qui lui a succédé fin 2008, la présidente, Christine Pujol-- se disputaient la tête de l'organisation.
M. Daguin, qui reproche à Mme Pujol sa "très mauvaise gestion" du dossier de la réduction de la TVA dans la restauration, a affirmé avoir été nommé "président confédéral intérimaire" pour trois mois, le temps d'organiser de nouvelles élections.
Son retour s'est fait à la suite de la "révocation" mardi de Mme Pujol lors d'une "assemblée générale extraordinaire" qui a entériné le renvoi de la présidente à 94% des professionnels présents, a affirmé M. Daguin.
Mme Pujol a contesté ce "coup de force" qu'elle a qualifié de "tentative de putsch". "J'attends que l'on me démontre que je ne suis plus présidente et tant qu'il n'y a pas de décision de justice, je suis présidente", a-t-elle déclaré mercredi.
Selon les deux camps, aucune action en justice n'est en cours.
Le Synhorcat (syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs), deuxième syndicat patronal, est lui aussi en proie à des dissensions.
Adhérent historique, le groupe Flo a annoncé mardi, le jour même du congrès annuel du Synhorcat, qu'il quittait l'organisation. Le groupe rassemble à lui seul 300 établissements (Hippopotamus, Bistro Romain, Tablapizza, Taverne de Maître Kanter, Brasseries Flo).
"Cette décision marque notre désaccord avec un syndicalisme patronal qui n'a pas pris toute la mesure des enjeux de notre profession", a déclaré à l'AFP, Dominique Giraudier, directeur général du groupe Flo.
Plus généralement, ce dernier a dénoncé l'attitude de ces "états-majors de syndicats plus concentrés sur un problème de pouvoir et d'organisation interne que sur les priorités à donner pour sauver un secteur", confronté à la baisse de la consommation.
M. Giraudier n'a pas écarté une possible restructuration du paysage syndical à la suite de nouvelles démissions.
Ces conflits interviennent au plus mauvais moment alors que le secteur a deux rendez-vous cruciaux avec le gouvernement: le 30 novembre, date butoir, pour les négociations salariales, et le 15 décembre, date du comité de suivi qui tirera un bilan définitif sur l'évolution des prix.
Depuis son entrée en vigueur en juillet, la baisse de la TVA qui est passée de 19,6% à 5,5% a fait l'objet de vives critiques, notamment de nombreux députés, inquiets de son poids sur les finances publiques, entre 2,5 et 3 milliards d'euros. D'autant que la baisse des prix dans les restaurants n'a pas été au rendez-vous. Les additions ont diminué en moyenne de 1,5%, au lieu des 3% attendus.
Depuis la grogne n'a pas cessé. Dernier geste de mauvaise humeur: l'avertissement lancé lundi par la Commission des finances du Sénat. Ce coup de semonce a tourné court, la haute assemblée ayant rejeté le texte. Et surtout le président de la République s'est engagé à ne pas revenir sur la baisse de la TVA, à la grande satisfaction du secteur.