Les prix du pétrole reculaient mardi en cours d'échanges européens, alors que le marché réagissait à des rumeurs sur la possibilité d'un départ négocié de Libye du colonel Kadhafi et que des membres de l'Opep ont indiqué entamer des discussions informelles sur l'état du marché.
Vers 11H30 GMT (12H30 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 114,90 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 14 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 20 cents à 105,24 dollars, après être grimpé la veille à son plus haut niveau depuis septembre 2008.
Les cours du baril réduisait un peu leurs pertes, après avoir lâché jusqu'à 2 dollars dans les échanges asiatiques.
"Il y a aujourd'hui un repli des prix du brut qui s'apparente un peu à une réaction de soulagement, alors que les pays producteurs clefs de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) discutent d'accroître leur production", soulignait Manoj Ladwa, courtier de ETX Capital.
Le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah Al-Sabah, a indiqué mardi que les membres de l'Opep menaient des consultations informelles sur l'impact des troubles en Libye, tout en démentant que le Koweït, cinquième producteur du cartel, ait augmenté sa production.
Selon des sources industrielles citées mardi par le Financial Times, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Nigeria entendent cependant augmenter leur production dans les semaines à venir, une hausse pouvant atteindre 300.000 barils par jour.
Par ailleurs, "l'évocation des tentatives de (Mouammar) Kadhafi pour négocier son départ de Libye avec toutes les garanties possibles a incité les prix du pétrole à effacer une partie des gains engrangés récemment", poursuivait M. Ladwa.
Un représentant du colonel Kadhafi a proposé d'ouvrir des négociations avec l'opposition, mais cette offre a été immédiatement rejetée, ont assuré mardi les insurgés qui luttent depuis plus de trois semaines contre le régime. L'administration du colonel a néanmoins catégoriquement démenti toute offre de négociation.
La possibilité de pourparlers sur le départ du leader libyen, annoncée dès lundi par des médias arabes, "a très probablement généré un mouvement de prises de bénéfices de la part des investisseurs spéculatifs", confirmaient les analystes de Commerzbank.
Le courtier d'ETX Capital se voulait quant à lui extrêmement prudent.
"Mon inquiétude est que les tensions soient loin de disparaître pour d'autres pays du Moyen-Orient et que d'autres soulèvements (dans des régions productrices de brut) ne fasse bondir les cours encore plus haut", confiait M. Ladwa.
Les opérateurs restaient notamment très attentifs à la situation dans la péninsule arabique, où la contestation a atteint depuis plusieurs semaines le Yémen, Bahreïn et Oman, alors que l'Arabie saoudite elle-même, premier exportateur mondial de brut, a été le théâtre vendredi de manifestations de faible ampleur.