Henri Proglio, nommé mercredi patron d'EDF tout en conservant la présidence de Veolia, ambitionne d'améliorer le fonctionnement du parc nucléaire français, alors que sa rémunération et sa double casquette continuent à faire débat.
Le Conseil des ministres a entériné mercredi la nomination de M. Proglio, qui occupait déjà depuis lundi son nouveau bureau au siège d'EDF, avenue de Wagram à Paris.
Parmi ses principales priorités, le nouveau patron de l'électricien public entend améliorer le fonctionnement du parc nucléaire et créer un centre de formation pour renouveler les compétences du groupe, a-t-il indiqué à l'AFP.
Le parc nucléaire d'EDF souffre depuis quelques mois de nombreuses pannes, obligeant la France à importer de plus en plus d'électricité de l'étranger. Le pays a été importateur net d'électricité en octobre pour la première fois depuis 27 ans.
La nomination de M. Proglio continue de susciter les critiques de l'opposition qui dénonce le "conflit d'intérêt" posé par sa double fonction chez EDF et Veolia.
Patron depuis neuf ans de l'ancienne Compagnie générale des Eaux, M. Proglio conservera la présidence du conseil d'administration.
Le député Verts Noël Mamère a jugé digne d'une "république bananière" ce cumul de fonctions tandis que le Parti socialiste a évoqué "une confusion d'intérêts et de genres douteuse".
Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a répondu mercredi qu'il "était important, à ce moment de la vie d'EDF, que ce soit un grand industriel qui pilote l'entreprise".
Une nouvelle polémique sur la rémunération de M. Proglio est venue se greffer au débat sur sa double casquette.
Dans un entretien aux Echos lundi, M. Proglio a fait part de son souhait de conserver "le niveau de revenu" qu'il avait chez Veolia.
"Il me semble que ce ne serait pas choquant en soi pour une entreprise qui pèse 70 milliards d'euros en Bourse", avait-il plaidé.
Si l'on se base sur les rémunérations de 2008, cela conduirait à augmenter de 45% environ le salaire du PDG d'EDF.
La rémunération de M. Proglio s'est élevée à 1,6 million d'euros au titre de 2008 (2,5 millions en 2007), contre 1,1 million pour le PDG d'EDF Pierre Gadonneix.
"Si une telle augmentation de salaire est possible pour le président d'EDF, c'est que l'entreprise se porte bien, et alors il faut la même chose pour les salariés", a réagi Max Royer, secrétaire général de FO-Energie.
Les salariés du groupe se sont vu proposer des hausses de salaire de 1,2% en 2010.
"C'est inacceptable au regard des salaires des agents", a aussi estimé Philippe Pesteil, administrateur CFDT du groupe.
Le salaire brut annuel moyen chez EDF s'élevait à 38.688 euros (sur 13 mois) en 2008.
A la CGT, on observait que la question n'était "pas sur la table" mais que le syndicat s'opposerait à une telle hausse si elle était présentée au conseil d'administration du groupe.
Le sujet devrait donner lieu à plusieurs réunions du comité de rémunération d'EDF avant d'être tranchée, indiquait-on en interne.
Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a défendu M. Proglio mercredi, estimant qu'il fallait "faire preuve d'un peu de courage si nous voulons avoir les meilleurs capitaines d'industrie".
Le gouvernement s'était jusqu'à présent contenté d'assurer que M. Proglio ne cumulerait pas deux rémunérations.
Chez Veolia, on indiquait pourtant que la question des jetons de présence n'avait pas encore été tranchée. M. Proglio a touché, en 2008, 102.969 euros à ce titre en tant que président du conseil d'administration de Veolia.