Les producteurs de fruits et légumes, sommés par Bruxelles de rembourser des centaines de millions d'euros d'aides, ont mis la pression mardi sur le gouvernement à quelques heures d'une réunion avec leur ministre, avertissant qu'ils étaient prêts à se mobiliser pour ne pas payer.
"Je préviens d'ores et déjà le gouvernement que s'il venait à exiger le remboursement de tout ou partie de cette enveloppe (...), effectivement les producteurs de fruits et légumes et d'autres (producteurs) seraient solidaires pour se mobiliser", a prévenu le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, sur Europe 1.
Le président du premier syndicat agricole français a toutefois précisé que pour l'instant, aucune mobilisation n'était prévue et que les agriculteurs souhaitaient d'abord "discuter et négocier", même si cette demande de remboursement est vécue comme "une véritable provocation".
Ces dernières semaines les agriculteurs, producteurs laitiers en tête, ont multiplié les actions pour dénoncer la chute de leurs revenus.
Un malaise qui a gagné les producteurs de fruits et légumes, inquiets de la baisse des prix. Ces derniers jours, ils ont eux aussi manifesté, déversant leur production sur la chaussée pour empêcher l'arrivée de fruits en provenance d'Espagne.
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé lundi que les producteurs de fruits et légumes devraient rembourser des aides publiques à la demande de la Commission européenne. Une facture qui devrait s'élever "à moins de 500 millions d'euros" et qu'il souhaite renégocier à la baisse.
Ces aides ont été versées par la France entre 1992 et 2002 à la filière au titre des "plans de campagne", des programmes destinés à aider les producteurs à faire face à la concurrence et à gérer les crises. Bruxelles les juge anti-concurrentielles.
Les remboursements reviendront dans les caisses de l'Etat. Les producteurs les plus en difficulté ne devraient pas être concernés, a promis M. Le Maire qui hérite, à peine arrivé, d'un dossier explosif que plusieurs ministres se sont transmis avant lui sans le trancher.
Son prédécesseur, Michel Barnier, avait déposé un recours début avril devant la Cour de justice européenne pour contester le décompte de Bruxelles.
Pour tenter de calmer la grogne, M. Le Maire a appelé les organisations de producteurs, les syndicats et la grande distribution à une rencontre mardi au ministère.
La FNSEA a d'ores et déjà prévenu que les producteurs ne rembourseraient rien tant que le gouvernement ne prendrait pas des mesures en leur faveur.
Le syndicat a d'ailleurs annoncé qu'il demanderait lors de la réunion "une aide directe à l'Etat" pour réduire les charges sociales des exploitants.
Ces derniers ont recours à de nombreux travailleurs saisonniers dont le coût pour les producteurs français eux est souvent supérieur à celui de leurs concurrents européens.
Le ministre s'est dit "parfaitement conscient de la situation difficile" des producteurs, confrontés à une forte baisse des cours des fruits et légumes, et il a promis "d'apporter des aides" financières "pour soutenir leur trésorerie".
Les maraîchers ont vu leurs revenus baisser de 15% en 2008 tandis que ceux des arboriculteurs ont dégringolé de 37%.
Toutes productions confondues, les agriculteurs ont vu leurs revenus chuter de 20%. Une situation qui exacerbe les réactions du secteur agricole, par ailleurs inquiet de l'avenir de la politique agricole commune (PAC) dont jusqu'à maintenant les agriculteurs français ont été les premiers bénéficiaires.