La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'est montrée très réservée mardi sur l'opportunité de légiférer pour éviter les abus en matière de rémunérations des dirigeants, affirmant croire davantage à la pression de l'opinion publique ou des actionnaires.
Interrogée par la commission des Lois de l'Assemblée nationale sur la nécessité d'encadrer par la loi les rémunérations des dirigeants, Mme Lagarde a indiqué: "il faut d'abord s'assurer que le dispositif Afep/Medef est appliqué".
Ce code éthique encadrant la rémunération des dirigeants a été élaboré en octobre dernier par le mouvement patronal et l'Association française des entreprises privées (Afep).
"On aura un rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF) en juillet qui va indiquer si les sociétés du CAC 40 et du SBF 120 l'ont bien appliqué", a souligné Mme Lagarde, faisant valoir un nouveau "souci de transparence" depuis plusieurs mois.
En outre, "on souhaite viser les dirigeants de grandes entreprises qui ont une grande partie de leur activité localisée hors de France", a-t-elle rappelé.
Or si un "texte particulièrement coercitif sur le territoire français" est appliqué, "ce ne sera pas très compliqué d'organiser des mécanismes de double mandat social dans différents pays pour sortir du champ d'application de la loi", a-t-elle affirmé.
"Je crois beaucoup plus à la pression exercée par les actionnaires, les consommateurs, l'opinion publique, pour que les acteurs eux-mêmes soient déterminés à s'appliquer durablement des règles visant à éviter des excès et des abus", a poursuivi Mme Lagarde.
"Il est très difficile de parler de manière très large des rémunérations des dirigeants", a aussi estimé Christine Lagarde, rappelant que "l'immense majorité sont des patrons de PME qui gagnent entre 4.500 et 6.000 euros par mois".