Un patronat de la restauration déchiré et des syndicats en position de force vont tenter de trouver un accord sur les salaires lundi, date limite imposée par le gouvernement qui attend de voir tenus les engagements du secteur en contrepartie de la baisse de la TVA.
Le secrétaire d'Etat au Commerce, Hervé Novelli, a lui-même reconnu que les négociations, qui concernent 700.000 salariés, étaient "difficiles". Le débat, il y a une semaine, sur un possible retour du taux de TVA dans la restauration à 19,6% au lieu des 5,5% depuis le 1er juillet a mis de l'huile sur le feu, le patronat se demandant comment s'engager au plan social sous cette menace.
Nicolas Sarkozy a finalement promis qu'il ne reviendrait "jamais" sur la réduction de la TVA mais, sans accord, les patrons redoutent la suppression de certaines exonérations sociales.
Au-delà, en termes d'image, l'absence de signatures serait catastrophique alors que l'autre engagement phare des restaurateurs, sur les baisses de prix, peine à se réaliser. Les additions ont diminué en moyenne de 1,5%, au lieu des 3% attendus.
Le restaurateur Xavier Denamur, opposé à la baisse de la TVA et soutenu par la CGT, des associations et des politiques, compte appeler lundi à de "vrais états généraux de la restauration".
Dans la négociation qui débute le même jour, "il faut qu'il se dégage quelque chose, on n'a pas le choix", selon Didier Chenet, président du 2e syndicat de restaurateurs, le Synhorcat, en proie à des conflits internes.
Le premier syndicat, l'Umih, alignera, lui, les deux représentants qui se disputent sa présidence: Christine Pujol, élue il y a un peu plus d'un an, et André Daguin, son prédécesseur, qui n'a "jamais été très généreux", d'après plusieurs syndicats.
Le patronat propose une revalorisation moyenne de 6% de la grille salariale pour la branche, contre 5,6% dans un premier projet d'accord, auquel s'étaient opposés la CGT, FO et la CFTC fin juillet.
"Ca ne fait toujours pas le compte", selon ces syndicats, qui soulignent que cette moyenne correspond à une augmentation de 0,7% pour le premier niveau (en anticipant la hausse du Smic au 1er janvier) et 10% pour les plus hauts.
La proposition patronale d'inscrire dans la convention collective que le premier niveau soit toujours supérieur au Smic les fait aussi sourire: les métiers de la restauration, entre horaires décalés et travail du dimanche, le méritent bien, selon les syndicats.
Outre une mise à jour "normale" de la grille, CGT, FO et CFTC ont demandé une mesure de 2% d'augmentation pour tous, sous la forme d'une prime pérenne ou d'une part de 13e mois. Ils ont essuyé une fin de non-recevoir sur un engagement pluri-annuel.
CFDT et CFE-CGC avaient pour leur part accepté le texte de juillet, mais pour un accord, l'assentiment d'au moins un autre syndicat est nécessaire. Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a lancé dimanche un appel à "un consensus syndical", soulignant notamment les avantages de l'accord de cet été en termes de mutuelle et d'aide aux transports domicile-travail.
Le secteur est traditionnellement peu attractif pour les jeunes, alors que les restaurateurs ont promis 40.000 créations d'emplois en deux ans, la moitié pérennes et l'autre en contrats d'alternance.
Le nombre de contrats d'apprentissage a crû depuis juillet de 6%, sur les 10% visés à terme, d'après le Synhorcat, qui se dit "dans l'expectative" pour le reste : "si les affaires repartent, nous devrions parvenir à l'objectif de 20.000 emplois en plus", affirme son président. Au 1er semestre 2009, la branche en a perdu 9.000, et depuis juillet en a gagné 6.000.