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La BCE sous pression pour effacer une part de la dette de la Grèce

Publié le 25/01/2012 23:50

Les créanciers publics de la Grèce, dont la BCE, se retrouvent sous la pression du FMI pour effacer une part de la dette du pays, avec pertes à la clé, dans l'hypothèse de plus en plus probable où l'effort consenti par les banques s'avérerait insuffisant aux yeux du Fonds.

Si les banques n'effacent pas une part suffisante de la dette grecque, "les créanciers publics (...) devront aussi participer à l'effort financier", autrement dit à l'allègement du fardeau, a déclaré mercredi la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde.

De passage à Paris, Mme Lagarde était interrogée par des journalistes, dont l'AFP, sur une éventuelle décote des titres grecs détenus par la Banque centrale européenne (BCE).

Le Financial Times a fait état mercredi de pressions du FMI afin que la BCE accepte d'essuyer des pertes en participant, d'une manière ou d'une autre, à la restructuration de la dette grecque en cours de négociation avec les créanciers privés d'Athènes.

Christine Lagarde n'a pas démenti cette information, soulignant que son institution n'était "qu'un observateur dans le cadre des négociations" avec les banques. Mais, en évoquant une participation des "créanciers publics" européens "à l'effort financier", elle pouvait viser la BCE.

Cette dernière détient, selon un banquier central de la zone euro, pour 45 milliards d'euros d'obligations grecques, rachetées sur les marchés à partir de mai 2010 pour soulager Athènes.

Mais le FMI a démenti en toute fin de journée avoir suggéré à la BCE de contribuer à l'effort. Selon un porte-parole, il "n'a pas demandé à la BCE de jouer un rôle particulier" puisqu'il "n'a aucune opinion sur la contribution relative du secteur privé et du soutien du secteur public".

Longtemps opposée, à l'instar de Paris et Bruxelles, à toute restructuration de la dette grecque, la BCE avait fini en juillet par s'y résoudre du bout des lèvres. A condition de ne pas être directement concernée par les pertes des créanciers privés d'Athènes.

Mais le sujet est revenu sur la table ces dernières semaines, alors que les négociations sur l'effort consenti par les banques privées peinent à aboutir à une solution satisfaisante aux yeux de tous les acteurs, et notamment du FMI.

Pimco, premier gestionnaire obligataire au monde, a ainsi récemment plaidé pour que la BCE participe à l'effacement de la dette grecque. Ce fonds, ainsi que des sources gouvernementales en Europe, font valoir que des alternatives techniques existent pour éviter une décote pure et simple des titres grecs détenus par l'institut de Francfort.

"La BCE ne participera pas volontairement à l'allègement de la dette grecque", rétorque un autre banquier central de la zone euro. "Cela reviendrait à financer un Etat, ce qui est interdit par ses statuts", explique-t-il.

La Commission européenne a aussi estimé que l'implication du secteur public était "déjà forte". "Personne ne veut augmenter la contribution", confirme-t-on de source gouvernementale européenne, mais "cela ne veut pas dire qu'on l'exclut à tout jamais".

Les banques, assurances et autres fonds d'investissement créanciers de la Grèce se sont engagés, en octobre, à effacer volontairement la moitié au moins des titres grecs qu'ils détiennent, soit environ 100 milliards d'euros. Cela devait permettre de ramener l'endettement d'Athènes à environ 120% du produit intérieur brut en 2020, contre plus de 160% actuellement.

Christine Lagarde a rappelé cet "objectif". "L'équilibre entre la participation du secteur privé et du secteur public est une question qui concerne les emprunteurs grecs et les partenaires au sein de la zone euro", a-t-elle souligné, mais "plus l'effort" des banques "sera important, moins la participation du secteur public le sera".

En creux, les propos de la patronne du FMI éclairent aussi sur la complexité des discussions en cours avec les banques. Selon des sources proches du dossier, la proposition actuelle des créanciers privés ne permettrait d'atteindre qu'un endettement d'environ 130% en 2020, soit bien au-delà de ce que le FMI peut accepter pour débloquer un nouvelle aide vitale pour la Grèce.

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